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dimanche 23 août 2015

Jean Anglade - Le temps et la paille

  J'ai toujours aimé la littérature du terroir, Michelet, Anglade, etc... J'ai donc lu récemment ce roman de Jean Anglade, auteur auvergnat originaire de l'Allier.

Titre: Le temps et la paille
Auteur: Jean Anglade
Genre: roman
Date de publication: 2006
Pays: France

Résumé
   Jacques Saint-André naît pendant la Grande Guerre dans l'Allier, d'un père maréchal-ferrand et d'une mère qui avait déjà perdu une fille quelques années auparavant. Son enfance se passe, tranquille, dans son petit village, et sa maîtresse d'école, qui lui promet un avenir brillant, pousse ses parents à le faire étudier. C'est ainsi qu'il devient professeur d'histoire au lycée de Tunis. La Seconde Guerre mondiale n'aura pas marqué sa vie outre mesure, heureux qu'il était auprès de sa jeune épouse Henriette. Il retournera ensuite dans sa chère Auvergne pour exercer au lycée de Clermont-Ferrand. Les années passent, des enfants naissent au foyer puis s'en vont. Après la mort d'Henriette, Jacques devra surmonter la solitude qui l'attend.
Mon avis
   Vous avez dû vous en rendre compte à la lecture du résumé, ce roman raconte une histoire ordinaire d'un homme qui a traversé le XXème siècle. Cette histoire est TRES ordinaire. Trop peut-être, si bien qu'il ne faut pas attendre du roman des précisions historiques sur ce siècle. En effet, le personnage s'implique peu dans l'Histoire, même s'il l'enseigne. Son histoire personnelle n'a rien d'extraordinaire non plus: pas de personnage torturé, de soucis d'argent ou de passions dévorantes. Non, le personnage principal n'est pas vraiment propre à exciter l'intérêt du lecteur, il faut l'avouer. Sa vie est la même que celle de millions de Français du siècle passé.
   La partie intéressante du roman, à savoir la fin sur la vieillesse, est pourtant assez curieuse et intéressante, mais elle est expédiée en quelques chapitres d'une longueur ridicule, ce qui est dommage.
   Ceci dit, on finit par s'attacher à ce personnage parfois tendre et non dépourvu d'humour, si bien que les 300 pages du roman filent en définitive assez vite. D'un certain côté, c'est peut-être mieux. 
   J'ai beaucoup apprécié l'allusion à la controverse archéologique au sujet des fouilles préhistoriques de Glozel, ce mystère de la paléontologie m'avait passionnée et j'ai été heureuse de retrouver quelques lignes à ce sujet dans ce roman.
   Le véritable intérêt de ce roman réside en l'évocation nostalgique d'un monde disparu, vraiment différent de celui d'aujourd'hui, avec le passage sur la Tunisie française par exemple, ou simplement ces campagnes aujourd'hui mornes et vidées à l'heure où elles étaient encore animées d'une vie simple mais chaleureuse. Ceci dit, j'ai eu l'occasion de lire des dizaines de romans de Jean Anglade, et à chaque fois, c'est plus ou moins toujours la même atmosphère, qui n'a rien d'original mais que l'on a malgré tout plaisir à retrouver.

Mon verdict
   2,5/5, rien d'extraordinaire

 

lundi 17 août 2015

Jean Giono - Le Hussard sur le toit

    Encore une fois, j'ai une semaine de retard... mais que voulez-vous, ma vitesse de lecture dépend de l'intérêt que je porte au roman en cours ! Aujourd'hui, c'est sur un roman de Jean Giono, Le Hussard sur le toit, que je vais écrire.

Titre: Le Hussard sur le toit
Auteur: Jean Giono
Genre: roman d'aventures
Date de publication: 1951
Pays: France

Résumé
   Angelo, fils naturel d'une duchesse italienne et jeune colonel de hussards, doit s'exiler en France après un duel avec un opposant des carbonari, membres d'une société secrète pour l'unité italienne. Il parvient dans le Midi alors même que la région est dévastée par une terrible épidémie de choléra. Après une nuit passée à chercher des survivants dans un hameau dévasté en compagnie d'un médecin français qui contracte aussitôt la maladie et y succombe, Angelo parvient à Manosque. Suspecté d'être un empoisonneur de fontaines, il soit se réfugier sur les toits pour échapper aux gendarmes et à la foule en proie à la panique. Il y fera la rencontre d'une jeune femme, Pauline de Théus, auprès de laquelle il continuera son voyage de retour dans sa mère patrie.
Mon avis
   D'après les premières lignes qui introduisent cet article, vous devez vous douter que ce roman ne m'a pas outrageusement passionnée. Le premier grief que j'ai contre lui est la trop grande complexité de la sous-intrigue, c'est-à-dire la lutte d'Angelo pour une république italienne. Je n'ai compris qu'au bout de 200 pages environ ce qui avait conduit Angelo à s'exiler en France, et quant à la lettre rendant compte de ses menées clandestines pour l'unité de l'Italie qu'envoie sa mère à Angelo, je suis toujours dans la plus grande perplexité. Même si cette lutte est évoquée relativement souvent, le lecteur sait finalement très peu de chose à ce sujet, alors que c'est tout de même ce qui motive les déplacements difficiles d'Angelo dans un pays dévasté par le choléra. Je suis donc en proie à un sentiment de frustration à ce sujet.
   Autre chose. Le personnage d'Angelo, ce jeune idéaliste généreux et enthousiaste, m'a profondément exaspérée, malgré ses indéniables qualités. En effet, j'ai trouvé ce personnage absolument bouffi d'orgueil, au point qu'on peut légitimement se demander si les plus généreuses et nobles de ses actions ne sont pas uniquement destinées à renforcer la déjà haute opinion qu'il a de lui-même. A mon sens, il frôle parfois le ridicule, et cette hypocrisie du personnage, qui n'est pas consciente chez lui, a suffi pour me le rendre antipathique.
   En ce qui concerne le style, je n'ai pas non plus apprécié les dithyrambiques descriptions de la nature, qui emploient pléthore d'adjectifs, au détriment de la simplicité et de la recherche du mot juste chère aux poètes.
   Le seul passage qui a excité mon intérêt sont les péripéties qui se déroulent à Manosque, et les quelques réflexions sur les mouvements de foule, qui, il faut le dire, sont assez justes je pense.
   J'ai donc lu ce roman avec ennui, en comptant les pages qui me restaient, surtout à la fin où une sorte d'élucubration d'un personnage sur le caractère psychologique a constitué le point culminant de ma lassitude. Quelle chance j'ai eu de ne pas avoir ce roman au bac... Sur le même thème, j'ai bien mieux apprécié La Peste de Camus, que j'ai trouvé plus intéressant philosophiquement parlant.

Mon verdict
   2/5, ennuyeux

dimanche 26 juillet 2015

J.M.G. Le Clézio - Ritournelle de la faim

      C'est la première fois que je lis un roman de Le Clézio, prix Nobel de Littérature découvert au détour d'un manuel scolaire. Je vous confie ici mes impressions...

Titre: Ritournelle de la faim
Auteur: Jean-Marie Gustave Le Clézio
Genre: roman
Date de publication: 2008
Pays: France

Résumé
   Ethel est une jeune parisienne, âgée de dix ans en 1931, année où se tient à Paris une Exposition Coloniale. Son grand-oncle, Monsieur Soliman, dont elle est très proche, achète pour elle le pavillon indien, qu'il projette de faire construire sur un terrain qu'il a acheté. Après la mort de son grand-oncle, c'est avec dévotion qu'Ethel se rend en pèlerinage devant les pièces détachées de la maison de ses rêves, accompagnée de sa grande amie, Xénia, une fille énigmatique d'émigrés russes vivants dans la misère. Alors qu'elle grandit, elle supporte de plus en plus mal les conversations stériles de la société que fréquente son père, financiers véreux et antisémites. La Seconde Guerre mondiale qui approche sera le temps pour elle de nombreuse déceptions...

Mon avis
   Tout d'abord, j'ai beaucoup apprécié l'intrigue, histoire d'une déchéance financière, et je crois que cela tient beaucoup aux personnages. En effet, Ethel, le personnage principal, est particulièrement attachante de par sa profonde bienveillance accompagnée d'une certaine soif d'idéal propre à sa jeunesse. Sa progression, son cheminement face aux trahisons qui l'assaillent la rendent digne d'admiration. Ainsi, sa relation assez particulière envers Maude, une ancienne maîtresse de son père tombée dans un extrême dénuement est-elle assez touchante. De même, le personnage de son père, indolent et naïf Mauricien, est, j'ai trouvé, bien croqué, tout comme Xénia, hautaine et assez insupportable, il faut l'avouer.
   J'ai également aimé le style de Le Clézio, très agréable à lire, et ai donc bien aimé ce roman, auquel je n'arrive décidément pas à trouver de défaut.

Mon verdict
   5/5, attachant

samedi 18 juillet 2015

Maÿlis de Kerangal - Je marche sous un ciel de traîne

   Après Corniche Kennedy et Tangente vers l'est, je reviens avec un nouveau billet sur un roman de Maÿlis de Kerangal (oui, encore).

Titre: Je marche sous un ciel de traîne
Auteur: Maÿlis de Kerangal
Genre: roman
Date de publication: 2000
Pays: France

Résumé
   Dans un village du Périgord, Antoine, la trentaine, mène une existence stérile et solitaire. Ses seules occupations sont le dessin de monuments historiques locaux pour des guides de tourisme et les parties de pêche avec son ami Tabasque, libraire en faillite. Lorsque celui-ci accueille Claire, sa nièce, une toute jeune femme énigmatique, les certitudes d'Antoine volent en éclat et celui-ci connaît le désir et le doute, mettant au jour le passé trouble du village et les manipulations de Tabasque.

Mon avis
   Encore une fois, l'atmosphère de ce roman est remarquable. Le lecteur est tout de suite plongé dans cette ambiance végétative et morne d'un village de campagne où tout se délite lentement.
   De même, les personnages sont remarquablement évoqués. J'ai trouvé Antoine particulièrement  attachant avec sa naïveté, sa simplicité, malgré toute sa passivité.Tabasque, haut en couleurs, m'a fait sourire, et Claire m'a laissée perplexe.
   Cependant, l'aspect de ce roman que j'ai trouvé le plus intéressant, c'est cet hommage à la mémoire, qui n'a pas été sans me rappeler les Cerfs-Volants de Romain Gary. Mémoire de l'Histoire, mémoire familiale et mémoire personnelle qu'Antoine finit par accepter. En cela ce roman m'a vraiment passionnée.
   La plume de Maÿlis de Kerangal est toujours un délice à lire, même si, dans ce premier roman, elle n'a pas encore acquis toutes ses spécificités.
   J'ai donc bien aimé ce roman plus centré sur la psychologie, même si je n'en suis pas ressortie aussi exaltée qu'après Corniche Kennedy ou Tangente vers l'est.

Mon verdict
5/5, un intéressant roman de la mémoire.

samedi 27 juin 2015

Emmelene Landon - Le Voyage à Vladivostok

   Encore sous le charme du roman de Maÿlis de Kerangal, Tangente vers l'est, j'ai trouvé amusant de lire un livre sur un thème quasi-similaire, et à l'intrigue voisine, afin de pouvoir comparer les deux romans. C'est pourquoi j'ai emprunté ce Voyage à Vladivostok, dont je n'avais jamais entendu parler.

Titre: Le Voyage à Vladivostok
Auteur: Emmelene Landon
Genre: roman
Date de publication: 2007
Pays: France

Résumé
   Jeannine Aubin, batelière, rencontre un jour dans un port Ivan Kirkov, un Ukrainien marin au long cours basé à Vladivostok. Ils se plaisent, se séparent, se revoient, s'aiment, mais Ivan doit repartir et Jeannine elle-même a embrassé par goût du déplacement la vie de batelière. C'est pourquoi à nouveau chacun d'eux se retrouve seul. Mais la jeune femme se rend compte qu'Ivan lui manque et qu'il faut qu'elle le revoit. Elle décide donc de prendre le Transsibérien pour Vladivostok, ne sachant même pas si elle y retrouvera Ivan.
Mon avis
   A bien des égards, Tangente vers l'Est et Le Voyage à Vladivostok se ressemblent en effet: deux courts romans, relativement faciles à lire, centrés sur des femmes et une intrigue amoureuse. Là où ils diffèrent, c'est que le Voyage à Vladivostok laisse une bien plus large part à cette intrigue sentimentale; l'analyse des sentiments y est donc plus poussée et pourra intéresser les férus de psychologie.
   J'ai découvert avec curiosité le monde des bateliers et des marins, évoqué avec une certaine poésie, d'autant plus que je n'ai vraiment jamais été intéressée par la mer (eh oui, je suis bien une terrienne) et évite donc les livres sur ce sujet. Honnêtement, l'aspect maritime du roman n'est pas assez accentué pour combler les fanatiques du genre, mais suffisamment pour le lecteur lambda. L'univers est donc plutôt agréable.
   Cependant, le gros problème de ce roman est, à mon avis, le style. L'abondance de phrases nominales ou adverbiales (au bas mot 70% du roman) lui confère un aspect haché qui le rend plutôt désagréable à lire, et, j'en conviens, ennuyeux. S'il n'avait pas été aussi court, je l'aurais sûrement abandonné. Les descriptions m'ont semblé assez médiocres et je n'ai pas retrouvé la verve de Maÿlis de Kerangal.
   Du côté de l'intrigue, trop de questions restent en suspens sur certains personnages pour que je sois satisfaite: certains aspects auraient pu être développés plus longuement, comme la raison pour laquelle Ivan est si froid vis-à-vis de son pays: on comprend vaguement que cela a un rapport avec son père mais on n'aura pas plus d'éclaircissements... Mais bon, du coup je me contredis: plus long aurait signifié encore plus ennuyeux donc finalement je reste perplexe...
   Vous comprendrez que l'avantage va donc clairement à Tangente vers l'est, et que je ne vous conseille pas ce Voyage.

Mon verdict
2/5, ennuyeux

samedi 20 juin 2015

Maylis de Kerangal - Tangente vers l'est

   Encore Maylis de Kerangal... Comme j'avais adoré Corniche Kennedy, je me suis jetée sur un autre de ses romans, dont le thème, la Russie, avait tout pour m'attirer !

Titre: Tangente vers l'est
Auteur: Maylis de Kerangal
Genre: roman
Date de publication: 2012
Pays: France

Résumé
    Aliocha, un jeune conscrit russe d'un naturel assez timide, se trouve à bord du Transsibérien avec son contingent , une troupe de soldats frustres et brutaux qui n'ont pas tardé à le prendre pour tête de Turc. Rempli d’appréhension à l'idée du sort hasardeux qui l'attend à la caserne, il n'a qu'une idée en tête: déserter. Une nuit, il rencontre une Française, Hélène, qui vient de quitter son amant russe. Malgré la barrière de la langue, ils sympathisent et Aliocha finit par la supplier de le laisser se cacher dans son compartiment jusqu'à ce qu'il puisse quitter le train à un moment opportun. Contre toute attente, la jeune femme accepte et c'est une étrange cohabitation qui commence.

Mon avis
  Une fois de plus, je n'ai pas été déçue. J'ai dévoré d'une traite ce roman assez court qui se lit très facilement. Les personnages sont esquissés tout à fait justement et je m'y suis attachée rapidement, même si somme toute le lecteur en sait peu sur eux.
   J'ai trouvé également très intéressant d'avoir un aperçu de la Russie d'aujourd'hui, puisque c'est vrai qu'on connait mieux en général la Russie du XIXème ou de l'ère soviétique. J'ignorais même, je l'avoue, que le service militaire y existait encore, et pour moi qui ne l'ai pas connu, cet aperçu n'était pas dénué d'intérêt. Évidemment, dans un roman aussi court, on n'aura pas une vision globale, mais on se rendra tout de même compte de certains problèmes qui gangrènent ce pays aujourd'hui (je pense notamment à l'alcool ou à la pauvreté). J'ai donc apprécié cet aspect naturaliste.
   Il faut également ajouter que Maylis de Kerangal a un véritable don pour créer des atmosphères, et c'est, je pense, ce qui contribue à ce que je "rentre" aussi vite dans ses romans. L'évocation du lac Baïkal était ainsi particulièrement remarquable.
   Quant au style, je l'aime énormément, je dois l'avouer. L'écriture est suffisamment originale pour retenir l'intérêt et la curiosité du lecteur et suffisamment classique pour plaire au plus grand nombre. J'ai aussi souri à certaines pointes d'humour à propos du personnage d'Hélène, qui "a de la Russie une vision tragique et lacunaire, montage confus où s'enchaînent la chute fatale d'un landau dans un escalier monumental d'Odessa, le tison brûlant sur les yeux de Michel Strogoff, la gymnaste Elena Moukhina qui voltige aux barres asymétriques, le visage de Lénine, fiévreux, haranguant la foule, le drapeau de l'Union Soviétique au sommet du Reichstag, les photos trafiquées, les sourcils de Brejnev et la barbe de Soljenitsyne, La Mouette à l'Odéon un soir de printemps, les milliers de prisonniers qui creusent un canal entre la Mer Baltique et la Mer Blanche, Noureïev qui bondit par-dessus la barrière dans un aéroport, un défilé de chars sur la place Rouge [...]"

   J'ai donc, encore une fois, adoré ce roman, et commence à apprécier, finalement, ces fins abruptes qui laissent tout le loisir d'imaginer ce qui arrive ensuite aux personnages.


Mon verdict
        5/5, un grand roman



    Sinon ça y est j'ai passé le bac de Français ! L'objet d'étude à l'honneur cette année, le théâtre, n'était pas vraiment celui que j'espérais et je connaissais mal les pièces étudiées (Phèdre de Racine, Le Roi se meurt de Ionesco et Le Tigre bleu de l'Euphrate de Laurent Gaudé). J'ai joué la carte de la sécurité en choisissant le commentaire de l'extrait du Tigre bleu de l'Euphrate. Honnêtement je ne pense pas avoir fait quelque chose de mirobolant, mais je ne m'en suis finalement pas si mal tirée, je pense.
   Et j'ai profité de ma semaine de révision pour me venger de tout ce temps où j'ai lu au compte-goutte: j'ai bien dû lire 2 ou 3 livres par jour (bon, en comptant les Profil Bac pour l'oral). J'ai été très ambitieuse dans mes choix à la bibliothèque et vous prévois pour d'ici quelque temps plusieurs articles !

dimanche 17 mai 2015

Philippe Beaussant - Héloïse

   Sur les bons conseils de ma sœur, qui m'a prêté ce roman, je me suis plongée dans la lecture d'Héloïse, de Philippe Beaussant.

Titre: Héloïse
Auteur: Philippe Beaussant
Genre: roman d'amour
Date de publication: 1993
Pays: France

Résumé
    A la fin du XVIIIème siècle, la jeune Héloïse passe une enfance idyllique dans le château où son père est régisseur et sa mère femme de chambre. Elle doit son prénom à l'héroïne de Rousseau que révèrent le Comte, la Comtesse et ses parents. Son compagnon de jeux, le fils des châtelains, est lui-même prénommé Jean-Jacques. Les deux enfants sont élevés selon les principes d'éducation de l'Émile: entourés d'affection, jamais réprimandés, ils découvrent la nature, apprennent à lire dans La Nouvelle Héloïse avec les mêmes maîtres, et leurs parents leur apprennent même à faire la charité aux nécessiteux du village. Ce ciel sans nuages s'obscurcit lorsque le jeune Jean-Jacques est envoyé en ville faire des études militaires. Ayant été bercée des romans d'amour de Rousseau, précurseur du romantisme, elle tombe fatalement amoureuse du jeune garçon, et ne cesse de se languir de lui les longues années qu'il passera loin du château. Mais quand il reviendra, la Révolution française aura été amorcée à Versailles et les deux héros verront leur monde s'effondrer.

Mon avis
   Tout d'abord, j'ai trouvé ce roman plutôt facile à lire: il est court, et de style fluide et agréable. La fin, assez abrupte, est remarquable.
   Je devrais parler de l'intrigue, qui n'est pas d'une originalité débordante: la naissance de l'amour et de ses illusions chez une jeune fille, l'idylle contrariée et la tourment de la Révolution française sont des thèmes vus et revus. Mais ce n'est pas l'intrigue en elle-même qui fait l'originalité et l'intérêt du roman, c'est plutôt ce regard critique sur les théories rousseauistes.
   Je dois avouer que je connaissais mal Rousseau: je l'ai peu étudié en cours de Français, et ma connaissance de ses thèses n'étaient pas très poussées. Ce roman m'a apporté sur ce sujet un éclairage nouveau.
   Mais l'intérêt principal du roman consiste en la prise de distance critique de la narratrice, Héloïse vieille femme, par rapport à cette éducation. En effet, l'impression ressentie par le lecteur est que ces deux enfants sont maintenus à l'écart du monde de leur époque, du vrai monde: ils vivent dans un monde idyllique, un "monde de Bisounours" où tout le monde est beau, gentil, généreux et nourrit de bons sentiments. Si bien que lorsqu'ils sont confrontés à la haine et à l'hostilité des habitants du village pendant la Révolution, la désillusion est brutale et cruelle pour eux, et ils sont complètement désarçonnés et ne savent comment réagir.
   De même, leur éducation sentimentale est désastreuse: la façon dont Héloïse tombe amoureuse de Jean-Jacques est assez artificielle finalement: elle l'aime pour imiter les héroïnes dont elle a entendu parler pendant toute son enfance.
   L'éducation des parents est finalement assez paradoxale et incohérente, puisqu'ils ne cessent de prêcher l'égalité et élèvent les deux enfants ensembles, mais refusent fermement de consentir à un mariage qui serait une mésalliance. J'ai trouvé la façon dont ils organisent pour les enfants une sorte de visite d'une famille miséreuse pour les inciter à la charité assez artificielle et cette mise en scène gênante.
   Ce roman est très intéressant pour comprendre le retournement des esprits à l'origine de la Révolution française, initié par les philosophes des Lumières, repris avec enthousiasme par les nobles, et communiqué au peuple des campagnes plus ou moins manipulé par des meneurs. Cette vision des choses m'a intéressée, même si ce n'est peut-être pas l'unique possible. Enfin je ne vais pas trop m'aventurer sur ce terrain-là, je ne maîtrise pas du tout assez l'histoire pour en parler.
   Même si cette période de l'Histoire ne me passionne pas plus que ça, j'ai quand même lu ce roman avec intérêt à cause de ces aspects.

Mon verdict
4/5, intéressant

samedi 9 mai 2015

Emile Zola- Thérèse Raquin

   Ah Zola... Zola qui a été à l'origine de ma passion pour la littérature... Il FALLAIT que je découvre autre chose que sa grande série des Rougon-Macquart. J'ai jeté mon dévolu sur Thérèse Raquin, un de ses premiers romans. Comme promis dans mon billet précédent, je vous livre ici mes impressions.

Titre: Thérèse Raquin
Auteur: Émile Zola
Genre: roman
Date de publication: 1863
Pays: France

Résumé
   Thérèse, orpheline, est élevée par sa tante, Madame Raquin, ancienne mercière, en même temps que son cousin Camille, garçon souffreteux choyé à l'excès par sa mère. La jeune fille rêve de grand air et de liberté et étouffe dans cette atmosphère étriquée. Elle prend alors le masque d'une jeune fille soumise. Devenue jeune fille, elle épouse Camille, conformément aux projets de sa tante, malgré sa répugnance. Sur un coup de tête de Camille, la famille ouvre une mercerie à Paris dans un boyau humide. Thérèse a horreur de la vie médiocre et austère qu'on lui impose mais n'en laisse rien paraître. Son mari amène un jour chez eux un ami d'enfance, Laurent. Homme de la campagne, sa force et sa santé séduisent d'emblée Thérèse qui devient sa maîtresse. Les deux amants vivent une relation passionnée, à tel point que l'idée leur vient de supprimer l'encombrant mari. Lors d'une promenade en barque, Laurent jette Camille à l'eau. Les amants seront dès lors tourmentés par le remords.

Mon avis
   J'ai trouvé ce roman assez différent des œuvres de Zola que j'avais lues. En effet, le naturalisme est à ses débuts à l'époque de la rédaction de Thérèse Raquin, et le déterminisme social, s'il est présent à travers l'origine paysanne de Laurent ou la mère algérienne de Thérèse, prend moins de place que dans L'Assommoir par exemple. De même pour l'analyse sociale. De la même façon, le roman est beaucoup moins "scientifique" que les œuvres de la série des Rougon-Macquart puisque certains songes et l'évocation du remords confine au fantastique (le roman m'a d'ailleurs un peu fait penser au Horla de Maupassant, pour cet aspect). J'ai donc apprécié le fait de découvrir un autre aspect du talent de Zola.
   Comme je l'ai dit , le roman se rapproche parfois du fantastique, ce qui lui confère une atmosphère sombre, très sombre et inquiétante. Et cette atmosphère tient aussi à la présence de la fatalité: Laurent et Thérèse sont rattrapés par leur acte meurtrier, même s'ils ne sont pas poursuivis par la justice, si bien que le bonheur qu'ils visaient en tuant Camille se transforme en cauchemar et en pugilat permanent. Cette analyse était, j'ai trouvé, très intéressante.
   La critique sociale, comme dans la grande majorité des romans zoliens, est aussi présente. Les petits-bourgeois du XIXème sont croqués d'une manière féroce et passionnante.
   Avec l'univers sombre des merceries parisiennes, j'ai retrouvé des similitudes avec Pot-Bouille et Au Bonheur des Dames qui m'ont amusée.
   Et la langue de Zola est toujours un plaisir...divin.
   Le roman n'a pas manqué de me faire penser à Thérèse Desqueyroux, de François Mauriac; les deux Thérèse se ressemblent par leur caractère au début des deux romans et souffrent toutes les deux d'un mariage malheureux, mais Thérèse Raquin se révèle bien plus mesquine et minable que Thérèse Desqueyroux, qui garde jusqu'au bout son statut d'héroïne indéchiffrable.

Mon verdict

   5/5, une évocation magistrale du remords
J'ai lu ce livre dans une édition à la couverture absolument horrible, celle-ci:

dimanche 26 avril 2015

Laclos - Les Liaisons dangereuses

    Me revoilà avec un classique un peu sulfureux...

Titre: Les Liaisons dangereuses
Auteur: Pierre Choderlos de Laclos
Genre: roman épistolaire
Date de publication: 1782
Pays: France

Résumé
   La Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont sont deux libertins, multipliant les aventures. Anciens amants, ils s'écrivent régulièrement. C'est cette correspondance fictive, à laquelle s'ajoute celle de quelques autres protagonistes de l'intrigue, qui est présentée dans ce roman. La Marquise de Merteuil, jeune veuve que toute la bonne société croit irréprochable, veut se venger d'un de ses anciens amants. Pour cela, elle imagine de débaucher sa jeune fiancée, Cécile de Volanges, fraîchement sortie du couvent. De son côté, le Vicomte de Valmont veut séduire une femme mariée, la Présidente de Tourvel. Mais Madame de Volanges met en garde la Présidente contre Valmont, gâtant ainsi ses chances. Il décide donc de s'allier à la marquise pour déshonorer la jeune Cécile et faire éclater un scandale après son mariage. La Marquise, qui a ses entrées chez les Volanges, deviendra pour cela la confidente de Cécile, la poussant dans les bras d'un jeune homme amoureux d'elle, le Chevalier Danceny. De son côté, le Vicomte gagnera la confiance du Chevalier afin de le manipuler.

Mon avis
   Je vous avoue tout d'abord que je ne suis pas une grande amatrice de romans du XVIIème ou du XVIIIème, ni de romans épistolaires. Pourtant...j'ai bien dû réviser mon avis.
   En effet, j'ai vraiment apprécié ce roman. Cela tient principalement à l'admirable analyse des sentiments. Le paradoxe est que, si les Liaisons traitent principalement d'amour, c'est bien le sentiment le moins présent, au détriment de l'envie, de la jalousie, du ressentiment, de l'orgueil, et de l'amour-propre. C'est donc tout d'abord cette originalité qui m'a intéressée. En effet, de tous les personnages, aucun n'est vraiment et sincèrement amoureux, puisque même les personnages les plus candides, Cécile et le chevalier, tireront profit des "leçons" des deux comparses et feront preuve de duplicité. 
   Le thème principal du roman est donc la manipulation. Alors que personne ne s'en doute, ce sont la marquise et le Vicomte qui tirent les ficelles de l'intrigue pour parvenir à leurs fins. Les personnages, tant manipulateurs que manipulés, sont remarquablement esquissés: les deux libertins sont épouvantables de cynisme et, il faut le dire, d'ingéniosité; les autres sont finalement totalement écrasés par ces deux figures de démiurges, n'ayant à leur opposer que leur naïveté, leur crédulité, et leur manque de discernement. Les personnages les plus sympathiques sont finalement, je trouve, la Marquise et le Vicomte, puisque leur ingéniosité et, finalement, leur lucidité froide et calculatrice est bien plus intéressante que la faiblesse des autres. Cette supériorité de personnages aussi noirs confère donc au roman une bonne part de son intérêt et de son originalité.
   En ce qui concerne l'intrigue, d'ailleurs passionnante, les machinations machiavéliques se succédant à une cadence impressionnante, je n'ai eu qu'une seule petite déception: j'ai en effet trouvé la fin un peu clémente pour certains personnages et un peu trop "morale"; mais sans doute l'époque l'exigeait-elle.
   De plus, j'ai redécouvert le roman épistolaire; il est vrai que ce genre m'a donné une nostalgie de ce moyen de communication merveilleux qu'est la lettre, qui invite, je trouve, à l'usage du beau langage. En tant que philatéliste, mon amour de la lettre était déjà bien présent, mais en tant que membre d'une génération où l'on n'écrit plus, ce roman m'a donné envie de reprendre la plume.
   Ma conquête a été cependant achevée par l'humour du ton persifleur de la Marquise et du Vicomte, chez qui on découvre parfois des insinutions peu amènes assez amusantes.

Mon verdict
   4,5/5; un savoureux roman sur la manipulation et la noirceur de l'âme humaine

   

dimanche 5 avril 2015

Maylis de Kerangal - Corniche Kennedy

   Cela doit bien faire un mois que je n'ai rien posté...et je n'ai qu'à peine lu... J'en suis désolée; le trvail en est principalement la cause. Je m'étais replongée dans Les Frères Karamazov de Dostoïevski, que j'avais commencé en 3ème et dont j'avais arrêté la lecture à la page 400... Las, je n'ai pas fait mieux puisque le livre m'est tombé des mains 150 pages plus loin. Je désespère de le terminer un jour. Je me suis donc rabattue sur un roman plus récent de Maylis de Kerangal, dont ma grand-mère avait beaucoup aimé le très salué Naissance d'un pont (Goncourt des Lycéens).

Titre: Corniche Kennedy
Auteur: Maylis de Kerangal
Genre: roman
Date de publication: 2008
Pays: France

Résumé
   Dans la ville de Marseille, sur une corniche réputée mal famée, des jeunes de différents horizons se rassemblent tous les après-midi, pour se livrer à une occupation qui ressemble à un rite initiatique: plonger dans la mer du haut de plusieurs promontoires de 3, 7 et 12 mètres. Tous les jours, un policier les observe, Sylvestre Opéra, commissaire chargé de la sécurité du littoral, avant de se replonger dans les affaires crapoteuses qu'il a l'habitude de traiter. Mais sur ordre du maire de la ville, ce sera un véritable affrontement, fait de courses-poursuites et de cache-cache, qui se tiendra entre la police et les adolescents, sur fond de trafic de drogue.

Mon avis
   Autant le dire tout de suite: j'ai été véritablement happée par ce roman. En effet, il se lit très vite (180 pages à peu près), l'intrigue est puissante et les personnages poignants.
   Le conflit adultes/jeunes, même s'il est parfois, je trouve, légèrement caricatural, sonne plutôt juste. Cette peinture de la jeunesse, exaltée, cherchant un but, pleine de vitalité, d'entrain, un peu irrationnelle, m'a séduite. Ce groupe de jeunes est une véritable petite société aussi, avec ses règles, ses codes, ses chefs, ses valeurs. J'ai trouvé également très intéressante l'évocation de la criminalité à Marseilles, avec les différents traffics, les meurtres et le proxénétisme. 
   Les personnages sont tout aussi captivants, notamment de part la diversité de leurs origines: si certains habitent dans des HLM des quartiers nords, d'autres ont des parents petits voire grands bourgeois pour l'une d'entre eux, personnage assez énigmatique d'ailleurs. Ces adolescents sont émouvants, agaçants, attachants, mais ne laissent pas de marbre. Je pense par exemple au plus jeune, Mario, véritable Gavroche des temps modernes. De même, le personnage du flic, ravagé, blessé et hanté par le souvenir d'une femme qu'il a croisée, et pourtant si humain, m'a plu. 
   Le style de Maylis de Kerangal est, j'en suis consciente, assez spécial: vif, parsemé d'onomatopées, omettant volontiers des virgules ou usant du langage familier, comme capable de descriptions magnifiques et, je trouve, très poétiques. S'il m'a légèrement décontenancée de prime abord, je l'ai vite beaucoup apprécié; d'autant plus que son adéquation avec le thème et l'histoire en elle-même est grande.
   Je suis peut-être un peu enthousiaste en usant de cette comparaison, mais ce roman a, j'ai trouvé, quelque chose de zolien: peut-être par certains aspects du style et parti-pris narratifs, ou par cette sorte de réalisme voire de naturalisme qui caractérise ce roman. Autant vous dire que je l'ai beaucoup apprécié, et que je peux avancer sans hésiter que c'est un roman qui m'a marquée, malgré quelques manques d'originalité et une fin trop abrupte à mon goût.

Mon verdict
   4,5/5; un âpre roman réaliste très réussi sur la jeunesse

vendredi 30 janvier 2015

Victor Hugo - Le Dernier Jour d'un condamné

   De Victor Hugo, on retient bien sûr l'immense œuvre poétique avec Les Contemplations, romanesque avec Les Misérables (que j'ai lus plus jeune; en version abrégée, hélas...), et théâtrale avec Ruy Blas qui a inspiré la célèbre Folie des Grandeurs chère à Louis de Funès... Mais Victor Hugo est aussi un auteur engagé en politique, notamment à travers ses Châtiments, ou ce roman,  Le Dernier Jour d'un condamné , qui plaide pour l'abolition de la peine de mort.

Titre: Le Dernier Jour d'un condamné
Auteur: Victor Hugo
Genre: roman à visée argumentative
Date de publication: 1829
Pays: France

Résumé
   Le roman, assez court, revêt la forme d'une journal dans lequel un condamné à mort relate les six dernières semaines de sa captivité avant son exécution. On suit donc son jugement, son attente à la prison de Bicêtre pendant l'attente de l'aboutissement de son pourvoi en cassation, et enfin jusqu'aux dernières minutes précédant son exécution. Le condamné, qui semble être d'un milieu social assez élevé, mais sur lequel on ne sait rien, livre ses angoisses, ses peurs, ses réflexions avant l'heure terrible de son exécution.

Mon avis
   A vrai dire, je n'apprécie pas plus que ça les œuvres littéraires de la période romantique. Mais quand c'est un génie tel que Victor Hugo qui écrit un pareil roman, on ne peut que l'aimer. Le roman est pourtant typiquement romantique: il a une approche très "sentimentale" de la peine de mort, ne serait-ce que par l'analyse des sentiments du condamné, le récit à la première personne, le pathétique de celui-ci, notamment à travers l'évocation de la fille du condamné. J'ai trouvé, justement, l'analyse des ressentis du personnage particulièrement admirable: il oscille entre la lucidité et l'espoir vain, ne parvient pas à se retourner vers la religion même s'il semble croyant, et ses changements d'avis à propos de la pire horreur de la mort ou des galères m'ont fait penser à la fable de La Fontaine "La Mort et le bûcheron". Le message est particulièrement renforcé par l'ignorance qu'a le lecteur de son crime: il ne considère que l'homme, et ce qui le rend pleinement homme, son intériorité.
   A cette vision romantique du condamné s'ajoute une évocation très réussie des bas-fonds du Paris du XIXème -que l'on découvre à travers les yeux du personnage- avec son argot fleuri, ses forçats et ses exécutions capitales en place publique, véritable spectacle divertissant pour la populace. Evidemment, aujourd'hui en France, on a du mal à concevoir cela... C'est vrai que j'ai beaucoup de mal à comprendre cette forme de voyeurisme sordide, le même qui m'avait révoltée dans Elephant Man.
   Et toujours, toujours... le style magnifique de Victor Hugo, qui manie comme personne vocabulaire des sentiments, figures de style, images, pour une force d'expressivité exceptionnelle.
  
Mon verdict
   5/5; une approche typiquement romantique du thème de la peine de mort.

samedi 17 janvier 2015

Michel Tournier - Vendredi ou les limbes du Pacifique

   Encore un roman que je devais lire pour le lycée et que nous allons étudier en œuvre intégrale pour le bac. J'ai déjà parlé ici d'un livre que j'ai dû lire pour le lycée. Il s'agissait des Cerfs-Volants, de Romain Gary, une œuvre que j'avais adorée. J'attendais donc beaucoup de celui-ci qui, d'après ce que j'ai cru comprendre, est un classique du bac.

Titre: Vendredi ou les limbes du Pacifique
Auteur: Michel Tournier
Genre: conte philosophique, réécriture
Date de publication: 1969
Pays: France

Résumé
   Robinson Crusoé, jeune Anglais d'une vingtaine d'années, est le seul rescapé du naufrage du navire La Virginie. Il se retrouve totalement seul, sur une île inhabitée au large du Chili, loin de la côte ou même des îles habitées. Il met alors tous ses efforts dans la construction d'un bâteau, qu'il nomme l'Évasion, afin d'échapper au terrible destin qui l'attend. Mais il a négligé un paramètre de taille lors de sa construction: le poids. Le bâteau est trop lourd pour que Robinson puisse l'amener à la mer. Désespéré, le naufragé s'abandonne alors à la souille: il reste prostré, le corps plongé dans un marécage boueux qui, par une étrange association d'idées, lui rappelle son enfance. Il finira par en sortir pour décider de se reprendre en main et d'organiser sa vie sur l'île, qu'il nomme Speranza, et avec laquelle il entretiendra des relations pour le moins intimes, passant par plusieurs phases successives.

Mon avis
   Enfant, j'avais adoré le Robinson Crusoé de Daniel Defoe. Le moins que je puisse dire au sujet de cette version, c'est qu'elle en diffère totalement.
   En effet, si la version originale était plus un roman d'aventures, celle-ci est un conte philosophique à part entière, abordant les thèmes de la solitude, de la proximité avec la Nature, de la sexualité, et même du racisme. Ceci confère à cet ouvrage un certain intérêt, mais je n'ai franchement pas apprécié. En effet, la philosophie de ce livre penche, selon moi, vers l'ésotérisme, ce qui m'a fait trouver ce conte assez obscur. J'avoue que je n'ai pas tout compris (et c'est une litote...). Le passage de Robinson passant par des phases psychologiques successives m'a cependant intéressée, tout comme les derniers rebondissements de l'intrigue que j'ai trouvés tout à fait porteurs de sens. Ceci dit, les passages d'une phase psychologique à l'autre m'ont paru un peu brutaux. J'ai également du mal avec le mythe du bon sauvage, qui a une place importante, surtout vers la fin du livre: en effet, ne rien faire, ne pas se projeter dans l'avenir, et surtout vivre au gré de ses envies du moment les plus fantasques, n'est-ce pas renoncer à sa qualité d'homme en abdiquant toute volonté et en ne se laissant plus guider que par ses instincts ? De plus, je pense que l'homme est fait pour vivre en société, pour entretenir des relations avec les autres, communiquer avec eux sur tous les sujets possibles. Je n'étais donc pas vraiment d'accord avec la thèse défendue par ce livre; après, cela ne m'a pas empêché de trouver certaines idées intéressantes.
   Une deuxième chose m'a gêné dans ce livre, et je le dis franchement au risque de paraître prude ou vieux-jeu: c'est le rapport vraiment...particulier que Robinson a à la sexalité, rapport présenté comme idéal dans le conte. D'autant plus que le sens à donner à tout cela est plus qu'obscur. Certains détails honnêtement peu ragoûtants et l'emploi de mots qui ne devraient jamais figurer dans la littérature ne m'ont pas plu.
   Ici une petite mise au point s'impose. À ce stade, vous devez me trouver horriblement prude et étroite d'esprit. Ce n'est pas que je n'apprécie pas que la littérature aborde le sujet de la sexualité: si tel était le cas, je n'aurais plus grand-chose à lire... Par exemple, des auteurs comme Zola, qui aborde tout de même ce thème en long, en large et en travers dans la plupart de ses romans (je pense, entre autres, à Nana ou à La Terre), et qui, par ailleurs est mon auteur préféré, ou Maupassant, volontiers grivois, ont l'art extraordinaire d'aborder de tels sujets d'une façon toujours fine, sans employer de mots crus ou vulgaires, et avec le génie qui leur est propre.
   En ce qui concerne la simple forme, je n'ai pas apprécié non plus: j'ai trouvé le style presque pédant tellement il est recherché et alambiqué. Les phrases regorgent d'adjectifs et d'adverbes, chacun de plus de quatre syllabes. D'une façon général, j'ai trouvé que cette abondance de détails, cette richesse de déterminants, nuisait au pouvoir de suggestion du livre. Mon imagination a été peu sollicité et je me suis franchement ennuyé, d'autant plus que j'ai peiné à trouver un sens à tout cela. Malgré tout, j'ai apprécié le système d'énonciation et de point de vue qui oscille entre le point de vue du narrateur omniscient et celui de Robinson.
   Tout compte fait, j'appréhende pas mal le fait de devoir travailler pendant un mois là-dessus...

Mon verdict
1/5, précieux et obscur



mercredi 7 janvier 2015

Albert Camus - La Peste

   Cela doit bien faire un mois que je n'ai rien posté... Noël, le jour de l'An, la révision d'un oral blanc de Français et la préparation de mon TPE y sont pour quelque chose. Enfin, je m'excuse et ose espérer que cela ne se reproduira pas trop souvent. Je vous reviens donc avec l'unique malheureux ouvrage que j'ai eu le temps de lire en trois semaines, La Peste de Camus. J'avais lu (et aimé) L'Étranger, c'eût été pécher que de ne pas me plonger dans La Peste.

Titre: La Peste
Auteur: Albert Camus
Genre: roman
Date de publication: 1947
Pays: France

Résumé
   Dans la ville algérienne d'Oran, la vie suit son paisible cours, et pourquoi ne le suivrait-elle pas ? Un habitant commence alors à rédiger des carnets, qu'ils veut objectifs, relatant la vie de la cité. Mais cette paix est bouleversée lorsque se produit une invasion de rats, qui sortent mourir à l'air libre, suivie de quelques morts suspectes. Pour le docteur Bernard Rieux, qui s'est occupé d'un des malades, ce ne peut être que la peste, que l'on croyait éradiquée. Devant le nombre croissant de morts, les autorités décident de mettre la ville en quarantaine. Le docteur Rieux, homme profondément dhumaniste, fournit tous ses efforts pour tenter d'enrayer l'épidémie. Tout comme lui, Tarrou, personnage quelque peu énigmatique, s'engage courageusement au service de la cité. Oran sera alors le théâtre d'un drame à la fois collectif et personnel, mêlant les destins de nombreux personnages.

Mon avis
   La première chose qui m'a frappée à la lecture de ce livre, c'est l'admirable évocation de la ville. Il m'est presque arrivé de considérer la ville comme un personnage. En effet, l'atmosphère de cette ville algérienne des années 40 est très particulière. De plus, et c'est une des raisons principales pour lesquelles j'ai aimé ce roman, la conscience collective, l'opinion publique en temps de fléau, et même plus largement, sont particulièrement bien étudiées dans ce roman, très intéressant en terme de psychologie collective.
   Un deuxième aspect peut toucher le lecteur: c'est l'allégorie du nazisme (et, au delà, de n'importe quelle idéologie dangereuse) qui apparaît dans ce roman. En effet, des personnages comme le docteur ou Tarrou, profondément humanistes, remplis de foi en l'homme, en la vie, en ce qui est juste et bon, sans être pour autant outrageusement optimistes, modestes, représentent évidemment des résistants, tout comme Cottard, qui s'enrichit grâce à l'épidémie, les profiteurs de guerre. Cet aspect du roman est également passionnant.
   J'ai particulièrement apprécié un personnage, Grand, homme sensible, qui rencontre des difficultés à s'exprimer: il projette d'écrire un roman, mais ne parvient pas à dépasser la première phrase, obnubilé qu'il est par la recherche de la beauté, de la vérité littéraire et de la perfection. Ce personnage m'a paru très sympathique et sa quête admirable et fascinante à la fois.
   Concernant l'écriture, je crois que je commence à m'habituer au style particulier de Camus. Cette objectivité, qui se manifeste, entre autre, par des phrases concises, non dénuée toutefois d'interventions du narrateur (peu courantes, il est vrai) m'a bien plu.
  Toutefois, j'avoue n'avoir pas été particulièrement tenue en haleine par ce roman même si je l'ai bien apprécié. J'ai ressenti une sorte d'absence de héros à proprement parler (même si le docteur est une figure importante), peut-être due à cette volonté d'objectivité qui frôle le point de vue externe, et je pense que cela m'a déroutée.

Mon verdict
   4/5, très intéressant en ce qui concerne la psychologie collective


dimanche 23 novembre 2014

Boris Vian - L'Écume des Jours

   Après deux semaines assez denses consacrées à mes devoirs trimestriels, je reviens avec un billet sur ce classique adapté au cinéma il y a peu.

Titre: L'Écume des Jours
Auteur: Boris Vian 
Genre: roman
Date de publication:
Pays: France

Résumé
   Colin est un jeune homme aisé qui vit sans avoir besoin de travailler dans un joli appartement, avec son cuisinier Nicolas, un fin gourmet. Il reçoit régulièrement son ami Chick, passionné pour les oeuvres d'un auteur à la mode, Jean-Sol Partre, dont il achète tous les ouvrages avec une frénésie compulsive. Ce dernier rencontre une jeune fille, Alice, qui avait d'abord plu à Colin, et emménage avec elle. À son tour, Colin rencontre l'amour en la personne de Chloé, jeune fille charmante, avec laquelle il vit un amour passionné et qu'il épouse très rapidement. Mais dès leur voyage de noces, Chloé semble malade, après consultation, Colin apprend qu'elle a un nénuphar qui pousse dans son poumon. Quant à la relation de Chick et Alise, elle ne cesse de se détériorer suite à l'idolâtrie excessive que Chick a pour Partre. Les quatre amis parviendront-ils à surmonter ces épreuves ?

Mon avis
   Tout d'abord, on ne peut parler de ce roman sans parler de son univers si particulier, un univers proche du nôtre mais comportant de nombreux éléments insolites, comme par exemple la cause de la maladie de Chloé. Ce parti-pris de narration est bien évidemment particulièrement original, fantaisiste, poétique et vise à surprendre le lecteur à chaque instant.
   Or, il se trouve, enfin c'est mon avis, que cet univers sert tout à fait la narration. Une histoire d'amour éternelle et tragique, profondément humaine finalement, est traitée de façon inattendue voire surréaliste. Le fond, c'est-à-dire ce thème récurrent de l'amour tragique, est plein de finesse et de charmes dans l'esquisse des personnages et des sentiments.
   L'écriture est bien sûr extrêmement travaillée et recherchée, si bien que chaque bizarrerie ou élément insolite a un sens caché, est une contrepétrie ou un retournement d'une expression toute faite appliquée au sens propre. Concernant ce point, il me semble que ceci pourrait bien agacer ou dérouter certains.
   Pour finir, je n'ai pu m'empêcher de sourire à l'évocation des personnages de Jean-Sol Partre et de Chick, lequel m'a fait penser aux fans actuels !
   En conclusion, j'ai beaucoup apprécié ce roman, même si je conçois qu'il ne plairait sans doute pas à tout le monde.

Pour conclure
   5/5, une tragique histoire d'amour dans un univers surréaliste


lundi 10 novembre 2014

Paul Guth - Jeanne la Mince à Paris

   Paul Guth étant l'un des auteurs favoris de ma mère, il était donc normal qu'elle pe conseille un de ses ouvrages lorsque, éperdue, je me suis jetée à ses pieds en m'écriant: "Je n'ai rien à lire !". Voici donc le compte-rendu de la lecture conseillée par l'auteur de mes jours.

Titre: Jeanne la Mince à Paris
Auteur: Paul Guth
Genre: roman d'apprentissage
Date de publication: 1961
Pays: France


Résumé

   Jeanne est une jeune fille élevée dans le Tarn-et-Garonne par une tante austère mais affectueuse. De sa mère chilienne, elle a hérité des cheveux noirs de jais et une maigreur qui lui a valu le surnom de Jeanne la Mince, ainsi qu'un talent remarquable pour la danse. Lorsque son père, resté au Chili, estime qu'elle est restée assez longtemps en province et qu'il est temps pour elle de monter à Paris, sa tante pousse les hauts cris. Comment, elle laisserait partir Jeanne pour cette ville de perdition ! Las, Jeanne s'établira bien dans le Paris des Années Folles, où son adaptation ne se fera pas en deux temps trois mouvements. Sombrera-t-elle dans le déshonneur et l'extravagance contre lesquels sa tante l'a mise en garde ?

Mon avis
   Tout d'abord, penchons-nous sur la plus grande réussite de ce roman: l'atmosphère plus vraie que nature du Paris des Années Folles, avec ses dancings, ses coupes à la garçonne, ses artistes dadaïstes, ses riches séducteurs sans scrupules, ses pensions d'étudiantes... J'ai vraiment adorée cette atmosphère d'une époque que je connaissais finalement peu et sur laquelle j'avais lu peu de romans.
   En cela, le personnage de Jeanne la Mince, petite provinciale fraîchement arrivée à Paris, avec son caractère bien trempé, mais aussi sa naïveté, et surtout le regard mi-étonné mi-sarcastique qu'elle pose sur les évènements de sa vie, y contribue beaucoup. C'est un personnage que j'ai trouvé très attachant et amusant.
   Quant à la narration, son humour certain n'a cependant pas toujours fonctionné sur moi, mais le roman reste facile à lire et très divertissant.
   J'ai donc bien apprécié ce roman, sans qu'il s'agisse toutefois d'un coup de coeur, mais je lirai volontiers la suite, Jeanne la Mince et l'amour, pour y retrouver la même fraîcheur et le même charme désuet.

Mon verdict
   4/5, amusant


samedi 4 octobre 2014

Maupassant - La Maison Tellier

   N'ayant hélas pas réussi à venir à bout de L'Education sentimentale (j'ai tout de même tenu 250 pages), je me suis rabattue sur une valeur sûre, un des rares recueils de nouvelles de Maupassant que je n'avais pas encore lu. En effet, Maupassant est l'un de mes auteurs favoris; si bien qu'il y a deux ans, j'avais même fait une "cure Maupassant", lisant cinq de ses ouvrages en deux semaines... Je reviens donc à mes premières amours avec ce livre que j'ai lu, une fois n'est pas cotume, en version numérique.

Titre: La Maison Tellier
Auteur: Guy de Maupassant
Genre: nouvelle (recueil)
Ecole: réaliste
Date de publication: 1881
Pays: France

Présentation
   Le recueil regroupe huit nouvelles: La Maison Tellier, Sur l'eau, Histoire d'une fille de ferme, Une partie de campagne, En famille, Au printemps, Le Papa de Simon, La Femme de Paul. Les thèmes de ces nouvelles se rejoignent souvent: ils vont du voyage des pensionnaires d'une maison close à la Première Communion de la nièce de leur patronne, aux histoires de coeur de paysannes normandes, ou de l'héritage reçu par un fonctionnaire parisien à la mort de sa mère aux histoires du petit monde des cannotiers de la Seine. Les thèmes traités sont donc plutôt des thèmes récurrents de l'univers de Maupassant.

Mon avis
   Malgré la similitude des thèmes abordés, chacune de ces nouvelles est différente. En effet, Maupassant a le don de brosser en quelques traits le portrait fidèle, tant physique que moral, d'un personnage, si bien que les différents protagonistes de ces nouvelles pourraient presque se transformer en personnages de roman. De plus, la chute finale toujours innattendue et surprenante de ces nouvelles crée chez le lecteur un effet de surprise admirable, tout en le laissant sur sa faim sans que cela soit gênant, ce qui est le propre d'une nouvelle réussie.
   Il me semble également que l'ironie voire le polémisme de Maupassant caractérisent ces nouvelles. Par exemple, la venue de prostituées à une première communion, celles-ci étant citées en exemple par le curé qui se méprend sur leur état, est une situation surprenante qui prête à sourire. L'ironie de Maupassant est selon moi protéiforme: de plaisante, elle devenir funèbre quand le héros d'une de ces nouvelles, incompris par sa maîtresse dont le carctère ne lui correspond absolument pas et dont il est cependant éperdument amoureux, se suicide à la fin de la nouvelle, voire polémique dans une charge contre l'hypocrisie et l'esprit petit-bourgeois du XIXème siècle.
   Enfin, ce qui fait le plaisir de la lecture de Maupassant, c'est que, non content d'être un narrateur hors pair, celui-ci manie avec virtuosité la description, dans laquelle se ressent l'influence des impressionistes avec l'évocation des couleurs. Le narrateur de ces récits excelle donc dans la création d'atmosphères.
   Qui plus est, on l'aura compris, le livre est court et facile à lire comme la plupart des recueils de nouvelles (enfin, pas tous cependant...). Pour toutes ces raisons, j'ai adoré ce recueil. 
   Le livre est tombé dans le domaine public et est gratuit sur iBooks, Google play et Kindle store. Vous n'avez donc aucune excuse pour ne pas en commencer la lecture dès maintenant !

Mon verdict
   5/5, de la grande littérature bien dans le style de Maupassant