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dimanche 23 août 2015

Jean Anglade - Le temps et la paille

  J'ai toujours aimé la littérature du terroir, Michelet, Anglade, etc... J'ai donc lu récemment ce roman de Jean Anglade, auteur auvergnat originaire de l'Allier.

Titre: Le temps et la paille
Auteur: Jean Anglade
Genre: roman
Date de publication: 2006
Pays: France

Résumé
   Jacques Saint-André naît pendant la Grande Guerre dans l'Allier, d'un père maréchal-ferrand et d'une mère qui avait déjà perdu une fille quelques années auparavant. Son enfance se passe, tranquille, dans son petit village, et sa maîtresse d'école, qui lui promet un avenir brillant, pousse ses parents à le faire étudier. C'est ainsi qu'il devient professeur d'histoire au lycée de Tunis. La Seconde Guerre mondiale n'aura pas marqué sa vie outre mesure, heureux qu'il était auprès de sa jeune épouse Henriette. Il retournera ensuite dans sa chère Auvergne pour exercer au lycée de Clermont-Ferrand. Les années passent, des enfants naissent au foyer puis s'en vont. Après la mort d'Henriette, Jacques devra surmonter la solitude qui l'attend.
Mon avis
   Vous avez dû vous en rendre compte à la lecture du résumé, ce roman raconte une histoire ordinaire d'un homme qui a traversé le XXème siècle. Cette histoire est TRES ordinaire. Trop peut-être, si bien qu'il ne faut pas attendre du roman des précisions historiques sur ce siècle. En effet, le personnage s'implique peu dans l'Histoire, même s'il l'enseigne. Son histoire personnelle n'a rien d'extraordinaire non plus: pas de personnage torturé, de soucis d'argent ou de passions dévorantes. Non, le personnage principal n'est pas vraiment propre à exciter l'intérêt du lecteur, il faut l'avouer. Sa vie est la même que celle de millions de Français du siècle passé.
   La partie intéressante du roman, à savoir la fin sur la vieillesse, est pourtant assez curieuse et intéressante, mais elle est expédiée en quelques chapitres d'une longueur ridicule, ce qui est dommage.
   Ceci dit, on finit par s'attacher à ce personnage parfois tendre et non dépourvu d'humour, si bien que les 300 pages du roman filent en définitive assez vite. D'un certain côté, c'est peut-être mieux. 
   J'ai beaucoup apprécié l'allusion à la controverse archéologique au sujet des fouilles préhistoriques de Glozel, ce mystère de la paléontologie m'avait passionnée et j'ai été heureuse de retrouver quelques lignes à ce sujet dans ce roman.
   Le véritable intérêt de ce roman réside en l'évocation nostalgique d'un monde disparu, vraiment différent de celui d'aujourd'hui, avec le passage sur la Tunisie française par exemple, ou simplement ces campagnes aujourd'hui mornes et vidées à l'heure où elles étaient encore animées d'une vie simple mais chaleureuse. Ceci dit, j'ai eu l'occasion de lire des dizaines de romans de Jean Anglade, et à chaque fois, c'est plus ou moins toujours la même atmosphère, qui n'a rien d'original mais que l'on a malgré tout plaisir à retrouver.

Mon verdict
   2,5/5, rien d'extraordinaire

 

lundi 17 août 2015

Jean Giono - Le Hussard sur le toit

    Encore une fois, j'ai une semaine de retard... mais que voulez-vous, ma vitesse de lecture dépend de l'intérêt que je porte au roman en cours ! Aujourd'hui, c'est sur un roman de Jean Giono, Le Hussard sur le toit, que je vais écrire.

Titre: Le Hussard sur le toit
Auteur: Jean Giono
Genre: roman d'aventures
Date de publication: 1951
Pays: France

Résumé
   Angelo, fils naturel d'une duchesse italienne et jeune colonel de hussards, doit s'exiler en France après un duel avec un opposant des carbonari, membres d'une société secrète pour l'unité italienne. Il parvient dans le Midi alors même que la région est dévastée par une terrible épidémie de choléra. Après une nuit passée à chercher des survivants dans un hameau dévasté en compagnie d'un médecin français qui contracte aussitôt la maladie et y succombe, Angelo parvient à Manosque. Suspecté d'être un empoisonneur de fontaines, il soit se réfugier sur les toits pour échapper aux gendarmes et à la foule en proie à la panique. Il y fera la rencontre d'une jeune femme, Pauline de Théus, auprès de laquelle il continuera son voyage de retour dans sa mère patrie.
Mon avis
   D'après les premières lignes qui introduisent cet article, vous devez vous douter que ce roman ne m'a pas outrageusement passionnée. Le premier grief que j'ai contre lui est la trop grande complexité de la sous-intrigue, c'est-à-dire la lutte d'Angelo pour une république italienne. Je n'ai compris qu'au bout de 200 pages environ ce qui avait conduit Angelo à s'exiler en France, et quant à la lettre rendant compte de ses menées clandestines pour l'unité de l'Italie qu'envoie sa mère à Angelo, je suis toujours dans la plus grande perplexité. Même si cette lutte est évoquée relativement souvent, le lecteur sait finalement très peu de chose à ce sujet, alors que c'est tout de même ce qui motive les déplacements difficiles d'Angelo dans un pays dévasté par le choléra. Je suis donc en proie à un sentiment de frustration à ce sujet.
   Autre chose. Le personnage d'Angelo, ce jeune idéaliste généreux et enthousiaste, m'a profondément exaspérée, malgré ses indéniables qualités. En effet, j'ai trouvé ce personnage absolument bouffi d'orgueil, au point qu'on peut légitimement se demander si les plus généreuses et nobles de ses actions ne sont pas uniquement destinées à renforcer la déjà haute opinion qu'il a de lui-même. A mon sens, il frôle parfois le ridicule, et cette hypocrisie du personnage, qui n'est pas consciente chez lui, a suffi pour me le rendre antipathique.
   En ce qui concerne le style, je n'ai pas non plus apprécié les dithyrambiques descriptions de la nature, qui emploient pléthore d'adjectifs, au détriment de la simplicité et de la recherche du mot juste chère aux poètes.
   Le seul passage qui a excité mon intérêt sont les péripéties qui se déroulent à Manosque, et les quelques réflexions sur les mouvements de foule, qui, il faut le dire, sont assez justes je pense.
   J'ai donc lu ce roman avec ennui, en comptant les pages qui me restaient, surtout à la fin où une sorte d'élucubration d'un personnage sur le caractère psychologique a constitué le point culminant de ma lassitude. Quelle chance j'ai eu de ne pas avoir ce roman au bac... Sur le même thème, j'ai bien mieux apprécié La Peste de Camus, que j'ai trouvé plus intéressant philosophiquement parlant.

Mon verdict
   2/5, ennuyeux

mardi 4 août 2015

Alessandro Baricco - Mr. Gwyn

   Alors oui, je sais, j'ai un peu de retard. Mais que voulez-vous, je suis en vacances non ? Enfin voici mon avis sur un livre récent que l'on m'a offert, et dont je ne connaissais pas du tout l'auteur.

Titre: Mr. Gwyn
Auteur: Alessandro Baricco
Genre: roman
Date de publication: 2011
Pays: Italie

Résumé
   Jasper Gwyn, écrivain reconnu, décide un jour d'arrêter d'écrire, principalement par lassitude du monde de l'édition. Seulement une question se pose alors, que fera-t-il ? Après des mois de dépression, Jasper Gwyn a une illumination: le métier de copiste lui plairait beaucoup. Mais que copier ? Une vieille femme le met sur la voie, pourquoi ne copierait-il pas les gens ? Mr. Gwyn décide donc de réaliser des portraits écrits sur commande, selon une méthode assez particulière.

Mon avis
    J'ai trouvé ce roman particulièrement intéressant, notamment parce qu'il aborde des sujets qui ne peuvent manquer de passionner une mordue de littérature, à savoir la perte de l'inspiration et l'innovation littéraire. En effet, la façon dont Gwyn prépare son atelier est très poétique, imaginative et laisse deviner au lecteur quelles peuvent être les conditions physiques nécessaires à l'inspiration. De même, l'angoisse dont est saisi le héros alors qu'il ne sait plus comment créer pour se renouveler est particulièrement poignante et bien décrite, on sent bien que Gwyn est complètement paralysé par son impuissance à s'exprimer de la façon qu'il a choisie, la littérature.
   J'ai également ressenti beaucoup d'intérêt face à la thèse de Jasper Gwyn qui fait "poser" ses modèles nus, car il est convaincu que le caractère et l'essence même d'une personne transparaît pour l'essentiel à travers son physique, ses attitudes, sa démarche. Selon moi, Jasper Gwyneth rend ainsi ses lettres de noblesse au corps et souligne l'étroite symbiose entre le corps et l'esprit. De même, ce en quoi consiste ces fameux portraits m'a beaucoup surprise, et tout ceci contribue énormément à conférer au roman un aspect très poétique et spécial.
   Le personnage de Rachel, belle jeune femme trop grosse et pleine de frustration, a aussi beaucoup retenu mon attention, je l'ai trouvé complexe et fascinant.
   Le style est très agréable à lire, avec parfois des pointes d'humour, surtout en ce qui concerne la parfaite connaissance qu'a Gwyn des laveries londoniennes. 
   J'ai donc vraiment beaucoup apprécié ce roman, intéressant, poétique, drôle et bien écrit, et ai bien envie de lire d'autres œuvres du même auteur.

Mon verdict
   5/5, poétique

   Je me rends compte que récemment j'ai mis beaucoup de notes élevées aux romans que j'ai lus. Simplement parce qu'il les méritaient je crois; j'ai eu de la chance de tomber sur d'aussi bonnes lectures. Mais si je me fie à ma lecture actuelle, cet état de grâce ne va pas durer longtemps...


dimanche 26 juillet 2015

J.M.G. Le Clézio - Ritournelle de la faim

      C'est la première fois que je lis un roman de Le Clézio, prix Nobel de Littérature découvert au détour d'un manuel scolaire. Je vous confie ici mes impressions...

Titre: Ritournelle de la faim
Auteur: Jean-Marie Gustave Le Clézio
Genre: roman
Date de publication: 2008
Pays: France

Résumé
   Ethel est une jeune parisienne, âgée de dix ans en 1931, année où se tient à Paris une Exposition Coloniale. Son grand-oncle, Monsieur Soliman, dont elle est très proche, achète pour elle le pavillon indien, qu'il projette de faire construire sur un terrain qu'il a acheté. Après la mort de son grand-oncle, c'est avec dévotion qu'Ethel se rend en pèlerinage devant les pièces détachées de la maison de ses rêves, accompagnée de sa grande amie, Xénia, une fille énigmatique d'émigrés russes vivants dans la misère. Alors qu'elle grandit, elle supporte de plus en plus mal les conversations stériles de la société que fréquente son père, financiers véreux et antisémites. La Seconde Guerre mondiale qui approche sera le temps pour elle de nombreuse déceptions...

Mon avis
   Tout d'abord, j'ai beaucoup apprécié l'intrigue, histoire d'une déchéance financière, et je crois que cela tient beaucoup aux personnages. En effet, Ethel, le personnage principal, est particulièrement attachante de par sa profonde bienveillance accompagnée d'une certaine soif d'idéal propre à sa jeunesse. Sa progression, son cheminement face aux trahisons qui l'assaillent la rendent digne d'admiration. Ainsi, sa relation assez particulière envers Maude, une ancienne maîtresse de son père tombée dans un extrême dénuement est-elle assez touchante. De même, le personnage de son père, indolent et naïf Mauricien, est, j'ai trouvé, bien croqué, tout comme Xénia, hautaine et assez insupportable, il faut l'avouer.
   J'ai également aimé le style de Le Clézio, très agréable à lire, et ai donc bien aimé ce roman, auquel je n'arrive décidément pas à trouver de défaut.

Mon verdict
   5/5, attachant

samedi 18 juillet 2015

Maÿlis de Kerangal - Je marche sous un ciel de traîne

   Après Corniche Kennedy et Tangente vers l'est, je reviens avec un nouveau billet sur un roman de Maÿlis de Kerangal (oui, encore).

Titre: Je marche sous un ciel de traîne
Auteur: Maÿlis de Kerangal
Genre: roman
Date de publication: 2000
Pays: France

Résumé
   Dans un village du Périgord, Antoine, la trentaine, mène une existence stérile et solitaire. Ses seules occupations sont le dessin de monuments historiques locaux pour des guides de tourisme et les parties de pêche avec son ami Tabasque, libraire en faillite. Lorsque celui-ci accueille Claire, sa nièce, une toute jeune femme énigmatique, les certitudes d'Antoine volent en éclat et celui-ci connaît le désir et le doute, mettant au jour le passé trouble du village et les manipulations de Tabasque.

Mon avis
   Encore une fois, l'atmosphère de ce roman est remarquable. Le lecteur est tout de suite plongé dans cette ambiance végétative et morne d'un village de campagne où tout se délite lentement.
   De même, les personnages sont remarquablement évoqués. J'ai trouvé Antoine particulièrement  attachant avec sa naïveté, sa simplicité, malgré toute sa passivité.Tabasque, haut en couleurs, m'a fait sourire, et Claire m'a laissée perplexe.
   Cependant, l'aspect de ce roman que j'ai trouvé le plus intéressant, c'est cet hommage à la mémoire, qui n'a pas été sans me rappeler les Cerfs-Volants de Romain Gary. Mémoire de l'Histoire, mémoire familiale et mémoire personnelle qu'Antoine finit par accepter. En cela ce roman m'a vraiment passionnée.
   La plume de Maÿlis de Kerangal est toujours un délice à lire, même si, dans ce premier roman, elle n'a pas encore acquis toutes ses spécificités.
   J'ai donc bien aimé ce roman plus centré sur la psychologie, même si je n'en suis pas ressortie aussi exaltée qu'après Corniche Kennedy ou Tangente vers l'est.

Mon verdict
5/5, un intéressant roman de la mémoire.

samedi 11 juillet 2015

Simon Montefiore - Sashenka

   Peut-être connaissez-vous ma passion pour la Russie...c'est pour elle que je me suis plongée dans cet énorme pavé de 600 pages !

Titre: Sashenka
Auteur: Simon Montefiore
Genre: roman historique
Date de publication: 2010
Pays: Royaume-Uni

Résumé
   Sashenka a dix-sept ans dans le Saint-Pétersbourg de Nicolas II et Raspoutine, en 1917. Fille d'un industriel juif devenu richissime, Samuil Zeitlin, et d'Ariadna, une mondaine qui ne pense que bals et vénère le starets Raspoutine, la jeune fille méprise la vie et le monde de ses parents et s'enflamme pour le bolchevisme et la cause ouvrière. Fervente militante, elle est emprisonnée par la police secrète du Tsar avant d'être relâchée grâce à l'influence de son père. Quelques mois plus tard, elle assiste à la Révolution d'Octobre et devient même une assistante de Lénine. On la retrouve en 1936. Epouse modèle d'un dignitaire du Parti, elle compromet la vie des siens en connaissant une passion torride pour un écrivain aux idées peu orthodoxes. Juste après la chute de l'URSS, une jeune historienne se plonge dans les archives du KGB et tente de découvrir son destin...

Mon avis
   A tous les points de vue, ce roman m'a semblé relativement banal. En effet, le personnage de la jeune fille riche qui abhorre son milieu et embrasse la cause des pauvres est, à mon sens, déjà assez cliché. On n'apprend pas grand-chose sur la révolution russe avec ce roman, qui, j'ai trouvé, n'a pas suffisamment évoqué la révolution de février 1917. Sur le sujet, le tome 3 de l'Histoire des Romanov de Michel de Saint-Pierre m'avait beaucoup plus intéressée, bien qu'il ne s'agisse pas d'un roman.
   Quant à la période stalinienne, le passage sur le sujet m'a semblé légèrement plus intéressant, même si toutes ces scènes à la Loubianka ont clairement un goût de déjà-vu. Le mécanisme de la passion amoureuse est assez faiblement évoqué; Sasheka passe sans transition d'épouse modèle à maîtresse passionnée, ce qui est peu crédible. La transcription de certains de ses dialogues avec son amant est assez ridicule et n'a rien à envier à des chefs-d’œuvre comme 50 Nuances de Grey... La dernière partie du roman est assez ennuyeuse et les obstacles que doit surmonter la jeune historienne pour accéder à la vérité m'ont paru artificiels.
   Sans être mauvais, le style n'est pas inoubliable; et je dois avouer que ce roman ne m'a pas passionnée ni intéressée, exception faite, peut-être, du personnage du capitaine Sagan de la police secrète du tsar, personnage ambigu qui aurait mérité une autre fin. L'évocation de l'amour maternel de Sashenka m'a aussi touché et m'a un peu rappelé Anna Karénine.
   En définitive, ce roman est malgré tout assez banal et, je trouve, ne mérite pas le temps passé à lire ses 600 pages.

Mon verdict
1,5/5, banal


samedi 27 juin 2015

Emmelene Landon - Le Voyage à Vladivostok

   Encore sous le charme du roman de Maÿlis de Kerangal, Tangente vers l'est, j'ai trouvé amusant de lire un livre sur un thème quasi-similaire, et à l'intrigue voisine, afin de pouvoir comparer les deux romans. C'est pourquoi j'ai emprunté ce Voyage à Vladivostok, dont je n'avais jamais entendu parler.

Titre: Le Voyage à Vladivostok
Auteur: Emmelene Landon
Genre: roman
Date de publication: 2007
Pays: France

Résumé
   Jeannine Aubin, batelière, rencontre un jour dans un port Ivan Kirkov, un Ukrainien marin au long cours basé à Vladivostok. Ils se plaisent, se séparent, se revoient, s'aiment, mais Ivan doit repartir et Jeannine elle-même a embrassé par goût du déplacement la vie de batelière. C'est pourquoi à nouveau chacun d'eux se retrouve seul. Mais la jeune femme se rend compte qu'Ivan lui manque et qu'il faut qu'elle le revoit. Elle décide donc de prendre le Transsibérien pour Vladivostok, ne sachant même pas si elle y retrouvera Ivan.
Mon avis
   A bien des égards, Tangente vers l'Est et Le Voyage à Vladivostok se ressemblent en effet: deux courts romans, relativement faciles à lire, centrés sur des femmes et une intrigue amoureuse. Là où ils diffèrent, c'est que le Voyage à Vladivostok laisse une bien plus large part à cette intrigue sentimentale; l'analyse des sentiments y est donc plus poussée et pourra intéresser les férus de psychologie.
   J'ai découvert avec curiosité le monde des bateliers et des marins, évoqué avec une certaine poésie, d'autant plus que je n'ai vraiment jamais été intéressée par la mer (eh oui, je suis bien une terrienne) et évite donc les livres sur ce sujet. Honnêtement, l'aspect maritime du roman n'est pas assez accentué pour combler les fanatiques du genre, mais suffisamment pour le lecteur lambda. L'univers est donc plutôt agréable.
   Cependant, le gros problème de ce roman est, à mon avis, le style. L'abondance de phrases nominales ou adverbiales (au bas mot 70% du roman) lui confère un aspect haché qui le rend plutôt désagréable à lire, et, j'en conviens, ennuyeux. S'il n'avait pas été aussi court, je l'aurais sûrement abandonné. Les descriptions m'ont semblé assez médiocres et je n'ai pas retrouvé la verve de Maÿlis de Kerangal.
   Du côté de l'intrigue, trop de questions restent en suspens sur certains personnages pour que je sois satisfaite: certains aspects auraient pu être développés plus longuement, comme la raison pour laquelle Ivan est si froid vis-à-vis de son pays: on comprend vaguement que cela a un rapport avec son père mais on n'aura pas plus d'éclaircissements... Mais bon, du coup je me contredis: plus long aurait signifié encore plus ennuyeux donc finalement je reste perplexe...
   Vous comprendrez que l'avantage va donc clairement à Tangente vers l'est, et que je ne vous conseille pas ce Voyage.

Mon verdict
2/5, ennuyeux

samedi 20 juin 2015

Maylis de Kerangal - Tangente vers l'est

   Encore Maylis de Kerangal... Comme j'avais adoré Corniche Kennedy, je me suis jetée sur un autre de ses romans, dont le thème, la Russie, avait tout pour m'attirer !

Titre: Tangente vers l'est
Auteur: Maylis de Kerangal
Genre: roman
Date de publication: 2012
Pays: France

Résumé
    Aliocha, un jeune conscrit russe d'un naturel assez timide, se trouve à bord du Transsibérien avec son contingent , une troupe de soldats frustres et brutaux qui n'ont pas tardé à le prendre pour tête de Turc. Rempli d’appréhension à l'idée du sort hasardeux qui l'attend à la caserne, il n'a qu'une idée en tête: déserter. Une nuit, il rencontre une Française, Hélène, qui vient de quitter son amant russe. Malgré la barrière de la langue, ils sympathisent et Aliocha finit par la supplier de le laisser se cacher dans son compartiment jusqu'à ce qu'il puisse quitter le train à un moment opportun. Contre toute attente, la jeune femme accepte et c'est une étrange cohabitation qui commence.

Mon avis
  Une fois de plus, je n'ai pas été déçue. J'ai dévoré d'une traite ce roman assez court qui se lit très facilement. Les personnages sont esquissés tout à fait justement et je m'y suis attachée rapidement, même si somme toute le lecteur en sait peu sur eux.
   J'ai trouvé également très intéressant d'avoir un aperçu de la Russie d'aujourd'hui, puisque c'est vrai qu'on connait mieux en général la Russie du XIXème ou de l'ère soviétique. J'ignorais même, je l'avoue, que le service militaire y existait encore, et pour moi qui ne l'ai pas connu, cet aperçu n'était pas dénué d'intérêt. Évidemment, dans un roman aussi court, on n'aura pas une vision globale, mais on se rendra tout de même compte de certains problèmes qui gangrènent ce pays aujourd'hui (je pense notamment à l'alcool ou à la pauvreté). J'ai donc apprécié cet aspect naturaliste.
   Il faut également ajouter que Maylis de Kerangal a un véritable don pour créer des atmosphères, et c'est, je pense, ce qui contribue à ce que je "rentre" aussi vite dans ses romans. L'évocation du lac Baïkal était ainsi particulièrement remarquable.
   Quant au style, je l'aime énormément, je dois l'avouer. L'écriture est suffisamment originale pour retenir l'intérêt et la curiosité du lecteur et suffisamment classique pour plaire au plus grand nombre. J'ai aussi souri à certaines pointes d'humour à propos du personnage d'Hélène, qui "a de la Russie une vision tragique et lacunaire, montage confus où s'enchaînent la chute fatale d'un landau dans un escalier monumental d'Odessa, le tison brûlant sur les yeux de Michel Strogoff, la gymnaste Elena Moukhina qui voltige aux barres asymétriques, le visage de Lénine, fiévreux, haranguant la foule, le drapeau de l'Union Soviétique au sommet du Reichstag, les photos trafiquées, les sourcils de Brejnev et la barbe de Soljenitsyne, La Mouette à l'Odéon un soir de printemps, les milliers de prisonniers qui creusent un canal entre la Mer Baltique et la Mer Blanche, Noureïev qui bondit par-dessus la barrière dans un aéroport, un défilé de chars sur la place Rouge [...]"

   J'ai donc, encore une fois, adoré ce roman, et commence à apprécier, finalement, ces fins abruptes qui laissent tout le loisir d'imaginer ce qui arrive ensuite aux personnages.


Mon verdict
        5/5, un grand roman



    Sinon ça y est j'ai passé le bac de Français ! L'objet d'étude à l'honneur cette année, le théâtre, n'était pas vraiment celui que j'espérais et je connaissais mal les pièces étudiées (Phèdre de Racine, Le Roi se meurt de Ionesco et Le Tigre bleu de l'Euphrate de Laurent Gaudé). J'ai joué la carte de la sécurité en choisissant le commentaire de l'extrait du Tigre bleu de l'Euphrate. Honnêtement je ne pense pas avoir fait quelque chose de mirobolant, mais je ne m'en suis finalement pas si mal tirée, je pense.
   Et j'ai profité de ma semaine de révision pour me venger de tout ce temps où j'ai lu au compte-goutte: j'ai bien dû lire 2 ou 3 livres par jour (bon, en comptant les Profil Bac pour l'oral). J'ai été très ambitieuse dans mes choix à la bibliothèque et vous prévois pour d'ici quelque temps plusieurs articles !

lundi 8 juin 2015

William Golding - Sa Majesté des Mouches

  Encore une fois, je dois m'excuser pour ce retard hallucinant... Que voulez-vous, entre les bacs et les oraux blancs je n'ai pas disposé de beaucoup de temps récemment...juste assez pour faire de nouveaux achats de livres (ce que vous avez déjà vu si vous me suivez sur Twitter ou Facebook, ce que je vous engage vivement à faire). Maintenant que je souffle un peu juste avant la fin des cours, j'ai le temps de lire...et d'écrire sur un roman dont j'avais entendu parler par une interview d'Eoin Colfer, un auteur jeunesse que j'apprécie beaucoup.

Titre: Sa Majesté des Mouches
Auteur: William Golding
Genre: roman d'aventures
Date de publication: 1954
Pays: Grande-Bretagne

Résumé
    A la suite d'un accident d'avion, une soixantaine d'enfants entre 5 et 13 ans se retrouvent seuls, sans adultes, sur une île déserte et idyllique. Très vite, un chef est désigné: c'est Ralph, un des plus âgés, charismatique et chaleureux. Mais un certain Jack, choriste principal d'une maîtrise de garçons, est jaloux de lui et lui en garde rancune. Ralph édicte des règles précises: un feu doit être allumé en permanence au sommet de l'île, c'est leur seul espoir de salut selon lui. Ce feu sera la cause de tensions de plus en plus violentes entre Jack et la maîtrise, qui s'occupent de la chasse, et Ralph et son acolyte myope souffre-douleur de Jack, surnommé Porcinet. A mesure que des peurs feront leur apparition dans la petite communauté, les évènements s'enchaîneront très vite pour aboutir à la violence et à la mort de certains enfants.

Mon avis
   J'ai lu ce roman afin de pouvoir avoir un autre point de vue sur le mythe du Bon Sauvage abordé dans Vendredi ou les Limbes du Pacifique et le genre de la robinsonnade en général. En cela, je n'ai pas été déçue: Sa Majesté des Mouches est radicalement différent du roman de Michel Tournier. Si Robinson apprend à vaincre ses instincts brutaux et à vivre en harmonie avec l'Autre loin de la société, c'est exactement l'inverse qui se passe dans ce roman: les enfants finissent par s'écharper à qui mieux mieux avec une violence incroyable. 
   En cela, le roman est très intéressant: il montre comment une personne frustrée et autoritaire finit par manipuler un groupe pour le gagner à sa cause, se le dévouer, y entretenir la peur de l'inconnu, désigner des boucs émissaires et finalement faire usage de la violence. Ce récit révèle, à mon sens, la monstruosité tapie en chaque homme, qui ressort dans des situations extrêmes dans lesquelles la raison n'est plus utilisée. Le roman est donc assez terrifiant en cela: voir des enfants normaux se transformer en meurtriers, abdiquant presque leur humanité (on le s'en rend compte à la fin du roman; cette humanité est, mais je m'avance peut-être un peu trop, représentée par le feu), est fascinant et horrible à la fois.
   J'ai reconnu dans Sa Majesté des Mouches la cruauté dont peuvent faire preuve les enfants, qui m'avait déjà choquée dans Wonder.
   Le style, et notamment les descriptions de l'île, est très agréable à lire. J'ai donc plutôt apprécié ce roman, que j'ai d'ailleurs lu d'une traite, et recommanderais aux jeunes adolescents comme aux adultes.
   Mon seul regret reste la fin, assez brutale et énigmatique à mon sens, ainsi que quelques passages qui sont restés obscurs pour moi.

Mon verdict
   4/5, un roman psychologique intéressant sur la monstruosité et le groupe

dimanche 5 avril 2015

Maylis de Kerangal - Corniche Kennedy

   Cela doit bien faire un mois que je n'ai rien posté...et je n'ai qu'à peine lu... J'en suis désolée; le trvail en est principalement la cause. Je m'étais replongée dans Les Frères Karamazov de Dostoïevski, que j'avais commencé en 3ème et dont j'avais arrêté la lecture à la page 400... Las, je n'ai pas fait mieux puisque le livre m'est tombé des mains 150 pages plus loin. Je désespère de le terminer un jour. Je me suis donc rabattue sur un roman plus récent de Maylis de Kerangal, dont ma grand-mère avait beaucoup aimé le très salué Naissance d'un pont (Goncourt des Lycéens).

Titre: Corniche Kennedy
Auteur: Maylis de Kerangal
Genre: roman
Date de publication: 2008
Pays: France

Résumé
   Dans la ville de Marseille, sur une corniche réputée mal famée, des jeunes de différents horizons se rassemblent tous les après-midi, pour se livrer à une occupation qui ressemble à un rite initiatique: plonger dans la mer du haut de plusieurs promontoires de 3, 7 et 12 mètres. Tous les jours, un policier les observe, Sylvestre Opéra, commissaire chargé de la sécurité du littoral, avant de se replonger dans les affaires crapoteuses qu'il a l'habitude de traiter. Mais sur ordre du maire de la ville, ce sera un véritable affrontement, fait de courses-poursuites et de cache-cache, qui se tiendra entre la police et les adolescents, sur fond de trafic de drogue.

Mon avis
   Autant le dire tout de suite: j'ai été véritablement happée par ce roman. En effet, il se lit très vite (180 pages à peu près), l'intrigue est puissante et les personnages poignants.
   Le conflit adultes/jeunes, même s'il est parfois, je trouve, légèrement caricatural, sonne plutôt juste. Cette peinture de la jeunesse, exaltée, cherchant un but, pleine de vitalité, d'entrain, un peu irrationnelle, m'a séduite. Ce groupe de jeunes est une véritable petite société aussi, avec ses règles, ses codes, ses chefs, ses valeurs. J'ai trouvé également très intéressante l'évocation de la criminalité à Marseilles, avec les différents traffics, les meurtres et le proxénétisme. 
   Les personnages sont tout aussi captivants, notamment de part la diversité de leurs origines: si certains habitent dans des HLM des quartiers nords, d'autres ont des parents petits voire grands bourgeois pour l'une d'entre eux, personnage assez énigmatique d'ailleurs. Ces adolescents sont émouvants, agaçants, attachants, mais ne laissent pas de marbre. Je pense par exemple au plus jeune, Mario, véritable Gavroche des temps modernes. De même, le personnage du flic, ravagé, blessé et hanté par le souvenir d'une femme qu'il a croisée, et pourtant si humain, m'a plu. 
   Le style de Maylis de Kerangal est, j'en suis consciente, assez spécial: vif, parsemé d'onomatopées, omettant volontiers des virgules ou usant du langage familier, comme capable de descriptions magnifiques et, je trouve, très poétiques. S'il m'a légèrement décontenancée de prime abord, je l'ai vite beaucoup apprécié; d'autant plus que son adéquation avec le thème et l'histoire en elle-même est grande.
   Je suis peut-être un peu enthousiaste en usant de cette comparaison, mais ce roman a, j'ai trouvé, quelque chose de zolien: peut-être par certains aspects du style et parti-pris narratifs, ou par cette sorte de réalisme voire de naturalisme qui caractérise ce roman. Autant vous dire que je l'ai beaucoup apprécié, et que je peux avancer sans hésiter que c'est un roman qui m'a marquée, malgré quelques manques d'originalité et une fin trop abrupte à mon goût.

Mon verdict
   4,5/5; un âpre roman réaliste très réussi sur la jeunesse

mardi 3 mars 2015

Longus - Daphnis et Chloé

   Encore un roman que j'ai dû lire pour le lycée...dans le cadre, cette fois, du cours de Grec.

Titre: Daphnis et Chloé
Auteur: Longus
Genre: roman d'amour bucolique
Date de publication: IIème - IIIème siècle ap. J.-C.
Pays: Grèce

Résumé
   Alors qu'ils ne sont encore que nourrissons, Daphnis, puis Chloé, sont trouvés et recueillis par deux couples de bergers de l'île de Lesbos. Ils grandissent l'un près de l'autre; Chloé a en effet la garde d'un troupeau de brebis et Daphnis d'un troupeau de chèvres. Dans ce cadre champêtre, ils connaissent leurs premiers émois amoureux dans l'innocence de leur jeunesse. Mais de nombreuses péripéties attendent les jeunes gens: ils seront confrontés aux guerres, aux pirates, et aux ruses de leurs rivaux amoureux.

Mon avis
   L'intrigue en elle-même n'a, j'ai trouvé, que peu d'intérêt: elle suit tout à fait les codes du genre, tout s'arrange toujours pour les amants d'une façon somme toute assez convenue grâce à l'intervention des dieux. Le roman a donc un aspect assez mièvre.
   Cependant, le narrateur ne se prend pas vraiment au sérieux en ce qui concerne les codes du genre, c'est assez sensible. En effet, le jeune héros n'est pas toujours présenté sous son meilleur jour: il est parfois décrit comme lâche et, enfin c'est mon avis, pas très dégourdi. De plus, le narrateur se permet quelques libertés de ton. Tout ceci contribue à ce que le récit garde une agréable légèreté.
   Enfin, l'atmosphère champêtre et le cadre bucolique sont décrits avec finesse et rendent le roman très agréable à lire.
   Dernière chose, dans l'édition que j'avais en ma possession, un cours récit de Musée intitulé Héro et Léandre, récit d'amour tragique beaucoup plus sombre, m'a énormément plu.
 
Mon verdict
   3,5/5, léger et distrayant
Si vous voulez voir mon billet sur Œdipe-Roi de Sophocle, une autre œuvre de l'Antiquité grecque, c'est ici

lundi 23 février 2015

Daniel Defoe - Robinson Crusoë

   Comme vous le savez peut-être, j'ai dû lire, œuvre que je présenterai au bac de Français, Vendredi ou les limbes du Pacifique, de Michel Tournier, une réécriture de Robinson Crusoë, de Daniel Defoe. J'avais déjà lu et relu de nombreuses fois dans mon jeune temps ce roman, mais dans l'édition abrégée de la Bibliothèque Verte. Comme nous devions le lire pour la rentrée des vacances de février, c'était pour moi l'occasion rêvée de me replonger dans un roman d'aventures qui m'avait passionnée jadis...

Titre: Robinson Crusoë
Auteur: Daniel Defoe
Genre: roman d'aventures
Date de publication: 1719
Pays: Royaume-Uni

Résumé
   Robinson Crusoë, jeune homme possédé par le démon de l'aventure et l'envie de courir le monde, s'embarque un jour, au mépris des recommandations paternelles, sur un navire. Hélas, le navire est capturé par des Maures chez qui Robinson devient esclave. Cependant, il parvient un jour à tromper leur surveillance et à s'échapper sur un petit bateau de pêche. Il est alors recueilli par un capitaine portugais et aborde au Brésil où il s'établit comme planteur. Quelques années plus tard, alors que son exploitation prospère, il entreprend un voyage d'affaire, et c'est alors que son bateau fait naufrage et qu'il s'installe, seul rescapé, sur une île déserte. 

Mon avis
   Ce qui m'avait énormément plu quand, petite, j'avais lu et relu Robinson Crusoë, c'était l'interminable description de ses installations dans l'île, que j'essayais vainement de reproduire sous forme de cabanes plus ou moins branlantes. Il est vrai que l'ingéniosité que déploie Robinson est véritablement fascinante, et que la façon dont il parvient à vivre tout à fait convenablement et heureusement alors qu'il est dénué de tout est, je trouve, vraiment inspirante, c'est une leçon d'optimisme et de persévérance.
   J'ai été aussi très surprise de constater que l'édition abrégée que je connaissais avait été amputée de pas moins de la moitié du roman, portant principalement sur les aventures de Robinson en tant que marchand après son départ de l'île, et le devenir de la colonie qu'il a laissée sur l'île elle-même. Si j'ai été libérée de l'impression d'inachevé que je ressentais à chaque lecture du roman abrégé, j'ai par contre trouvé certaines péripéties et aventures d'un rocambolesque qui devenait parfois, je trouve, assez répétitif et ennuyeux, d'autant plus que le roman est vraiment très long.
   J'ai également mieux réalisé la portée religieuse du roman, avec les méditations de Robinson sur Dieu et l'évangélisation, qui reflètent bien la pensée de l'époque mais sont cependant vraiment intéressantes.
   Le personnage de Robinson m'a paru assez sympathique, puisqu'il s'agit d'un personnage tout de mesure, de prudence, de raison, pacifique et relativement tolérant, dont les relations avec Vendredi sont touchantes. En somme, c'est un vrai "honnête homme" du XVIIème siècle.
   J'ai trouvé qu'il émanait de ce roman un certain optimisme, qui en rend la lecture vraiment agréable, ce que je n'avais pas ressenti dans le cas du roman de Michel Tournier, où le personnage de Robinson est beaucoup plus sombre, moins mesuré, mais aussi plus complexe et dont l'évolution se ressent tout au long du roman.
   Quant au style, je répète que le XVIIème siècle n'est pas vraiment mon siècle favori. En effet, je trouve que l'écriture des auteurs de romans du XVIIème est souvent assez lourde et que leurs tics d'écriture sont agaçants. Je ne ressens pas du tout la même chose en ce qui concerne les auteurs du XVIème (merveilleux Montaigne), du XIXème (romantiques et réalistes) et du XXème. En tout cas, le style de Daniel Defoe ne m'a certes pas emballée, mais ne m'a pas énervée non plus. Considérons donc que je l'ai trouvé correct, d'autant plus que certains traits d'humour tout britanniques m'ont bien fait sourire.

Mon verdict
4/5, un roman positif

lundi 16 février 2015

Alexandre Pouchkine - Eugène Onéguine

   J'avais lu (et adoré) les Récits de Belkine, recueil de nouvelles de Pouchkine. Cela faisait trop longtemps que je n'avais plus lu de romans russes, c'est pourquoi je me suis armée de tout mon courage, et j'ai emprunté Eugène Onéguine et Les Frères Karamazov, de Dostoïevski, pour les vacances.

Titre: Eugène Onéguine
Auteur: Alexandre Pouchkine
Genre: roman d'amour en vers
Date de publication: entre 1825 et 1832
Pays: Russie

Résumé
   Eugène Onéguine est un dandy de la bonne société russe du début du XIXème. Après la mort de ses parents, il se retrouve héritier d'un confortable pécule, et court les salons mondains, enchaînant les conquêtes. Mais la vanité de cette vie superficielle lui apparait bien vite, et il décide de quitter le monde pétersbourgeois pour s'adonner aux plaisirs de la lecture. Cependant, l'ennui, le "mal du siècle", le rattrape vite, et il décide de se terrer dans sa demeure à la campagne. Il y fait connaissance d'une famille de voisins, les Larine, par l'intermédiaire de son ami Lenski, un jeune poète romantique qui est amoureux de la cadette, Olga. Son aînée, Tatiana, jeune fille assez sombre et timide, finit par s'éprendre de son voisin. Mais ce sentiment n'est pas réciproque.

Mon avis
   Il est évident que la forme peu courante d'un tel ouvrage, à mi-chemin entre roman et poésie, est très déroutante. De plus, mon niveau de russe n'est pas encore tel que je puisse apprécier la poésie de Pouchkine dans une version non traduite. Il est donc évident qu'il est difficile d'apprécier la poésie dans ces conditions. D'autre part, le fond même de l'ouvrage oscille sans cesse entre sujets typiques de la poésie, comme la condition du poète, et l'intrigue romanesque en elle-même. C'est pourquoi j'ai trouvé le récit assez décousu et difficile à suivre.
   En ce qui concerne l'intrigue en elle-même, et notamment l'esquisse des personnages, j'ai plutôt apprécié le roman, en grande partie à cause du personnage d'Onéguine, personnage ambigu torturé par l'ennui, et qui, finalement, n'arrive pas à faire grand-chose de sa vie. C'est un personnage tout à fait romantique en ce sens. Malgré tout, la fin assez abrupte m'a plus que surprise défavorablement, bien que je puisse concevoir qu'il s'agisse d'un choix poétique.
   Alors je sais que ce roman est un texte fondateur de la littérature russe, que c'est une œuvre archi-connue et étudiée en Russie, mais je dois avouer que j'ai vraiment eu du mal à l'apprécier, et ce à cause de son essence même: je n'ai pas été convaincue par le mariage du roman et de la poésie.

Mon avis
   2,5/5, décousu


vendredi 30 janvier 2015

Victor Hugo - Le Dernier Jour d'un condamné

   De Victor Hugo, on retient bien sûr l'immense œuvre poétique avec Les Contemplations, romanesque avec Les Misérables (que j'ai lus plus jeune; en version abrégée, hélas...), et théâtrale avec Ruy Blas qui a inspiré la célèbre Folie des Grandeurs chère à Louis de Funès... Mais Victor Hugo est aussi un auteur engagé en politique, notamment à travers ses Châtiments, ou ce roman,  Le Dernier Jour d'un condamné , qui plaide pour l'abolition de la peine de mort.

Titre: Le Dernier Jour d'un condamné
Auteur: Victor Hugo
Genre: roman à visée argumentative
Date de publication: 1829
Pays: France

Résumé
   Le roman, assez court, revêt la forme d'une journal dans lequel un condamné à mort relate les six dernières semaines de sa captivité avant son exécution. On suit donc son jugement, son attente à la prison de Bicêtre pendant l'attente de l'aboutissement de son pourvoi en cassation, et enfin jusqu'aux dernières minutes précédant son exécution. Le condamné, qui semble être d'un milieu social assez élevé, mais sur lequel on ne sait rien, livre ses angoisses, ses peurs, ses réflexions avant l'heure terrible de son exécution.

Mon avis
   A vrai dire, je n'apprécie pas plus que ça les œuvres littéraires de la période romantique. Mais quand c'est un génie tel que Victor Hugo qui écrit un pareil roman, on ne peut que l'aimer. Le roman est pourtant typiquement romantique: il a une approche très "sentimentale" de la peine de mort, ne serait-ce que par l'analyse des sentiments du condamné, le récit à la première personne, le pathétique de celui-ci, notamment à travers l'évocation de la fille du condamné. J'ai trouvé, justement, l'analyse des ressentis du personnage particulièrement admirable: il oscille entre la lucidité et l'espoir vain, ne parvient pas à se retourner vers la religion même s'il semble croyant, et ses changements d'avis à propos de la pire horreur de la mort ou des galères m'ont fait penser à la fable de La Fontaine "La Mort et le bûcheron". Le message est particulièrement renforcé par l'ignorance qu'a le lecteur de son crime: il ne considère que l'homme, et ce qui le rend pleinement homme, son intériorité.
   A cette vision romantique du condamné s'ajoute une évocation très réussie des bas-fonds du Paris du XIXème -que l'on découvre à travers les yeux du personnage- avec son argot fleuri, ses forçats et ses exécutions capitales en place publique, véritable spectacle divertissant pour la populace. Evidemment, aujourd'hui en France, on a du mal à concevoir cela... C'est vrai que j'ai beaucoup de mal à comprendre cette forme de voyeurisme sordide, le même qui m'avait révoltée dans Elephant Man.
   Et toujours, toujours... le style magnifique de Victor Hugo, qui manie comme personne vocabulaire des sentiments, figures de style, images, pour une force d'expressivité exceptionnelle.
  
Mon verdict
   5/5; une approche typiquement romantique du thème de la peine de mort.

dimanche 23 novembre 2014

Boris Vian - L'Écume des Jours

   Après deux semaines assez denses consacrées à mes devoirs trimestriels, je reviens avec un billet sur ce classique adapté au cinéma il y a peu.

Titre: L'Écume des Jours
Auteur: Boris Vian 
Genre: roman
Date de publication:
Pays: France

Résumé
   Colin est un jeune homme aisé qui vit sans avoir besoin de travailler dans un joli appartement, avec son cuisinier Nicolas, un fin gourmet. Il reçoit régulièrement son ami Chick, passionné pour les oeuvres d'un auteur à la mode, Jean-Sol Partre, dont il achète tous les ouvrages avec une frénésie compulsive. Ce dernier rencontre une jeune fille, Alice, qui avait d'abord plu à Colin, et emménage avec elle. À son tour, Colin rencontre l'amour en la personne de Chloé, jeune fille charmante, avec laquelle il vit un amour passionné et qu'il épouse très rapidement. Mais dès leur voyage de noces, Chloé semble malade, après consultation, Colin apprend qu'elle a un nénuphar qui pousse dans son poumon. Quant à la relation de Chick et Alise, elle ne cesse de se détériorer suite à l'idolâtrie excessive que Chick a pour Partre. Les quatre amis parviendront-ils à surmonter ces épreuves ?

Mon avis
   Tout d'abord, on ne peut parler de ce roman sans parler de son univers si particulier, un univers proche du nôtre mais comportant de nombreux éléments insolites, comme par exemple la cause de la maladie de Chloé. Ce parti-pris de narration est bien évidemment particulièrement original, fantaisiste, poétique et vise à surprendre le lecteur à chaque instant.
   Or, il se trouve, enfin c'est mon avis, que cet univers sert tout à fait la narration. Une histoire d'amour éternelle et tragique, profondément humaine finalement, est traitée de façon inattendue voire surréaliste. Le fond, c'est-à-dire ce thème récurrent de l'amour tragique, est plein de finesse et de charmes dans l'esquisse des personnages et des sentiments.
   L'écriture est bien sûr extrêmement travaillée et recherchée, si bien que chaque bizarrerie ou élément insolite a un sens caché, est une contrepétrie ou un retournement d'une expression toute faite appliquée au sens propre. Concernant ce point, il me semble que ceci pourrait bien agacer ou dérouter certains.
   Pour finir, je n'ai pu m'empêcher de sourire à l'évocation des personnages de Jean-Sol Partre et de Chick, lequel m'a fait penser aux fans actuels !
   En conclusion, j'ai beaucoup apprécié ce roman, même si je conçois qu'il ne plairait sans doute pas à tout le monde.

Pour conclure
   5/5, une tragique histoire d'amour dans un univers surréaliste


lundi 10 novembre 2014

Paul Guth - Jeanne la Mince à Paris

   Paul Guth étant l'un des auteurs favoris de ma mère, il était donc normal qu'elle pe conseille un de ses ouvrages lorsque, éperdue, je me suis jetée à ses pieds en m'écriant: "Je n'ai rien à lire !". Voici donc le compte-rendu de la lecture conseillée par l'auteur de mes jours.

Titre: Jeanne la Mince à Paris
Auteur: Paul Guth
Genre: roman d'apprentissage
Date de publication: 1961
Pays: France


Résumé

   Jeanne est une jeune fille élevée dans le Tarn-et-Garonne par une tante austère mais affectueuse. De sa mère chilienne, elle a hérité des cheveux noirs de jais et une maigreur qui lui a valu le surnom de Jeanne la Mince, ainsi qu'un talent remarquable pour la danse. Lorsque son père, resté au Chili, estime qu'elle est restée assez longtemps en province et qu'il est temps pour elle de monter à Paris, sa tante pousse les hauts cris. Comment, elle laisserait partir Jeanne pour cette ville de perdition ! Las, Jeanne s'établira bien dans le Paris des Années Folles, où son adaptation ne se fera pas en deux temps trois mouvements. Sombrera-t-elle dans le déshonneur et l'extravagance contre lesquels sa tante l'a mise en garde ?

Mon avis
   Tout d'abord, penchons-nous sur la plus grande réussite de ce roman: l'atmosphère plus vraie que nature du Paris des Années Folles, avec ses dancings, ses coupes à la garçonne, ses artistes dadaïstes, ses riches séducteurs sans scrupules, ses pensions d'étudiantes... J'ai vraiment adorée cette atmosphère d'une époque que je connaissais finalement peu et sur laquelle j'avais lu peu de romans.
   En cela, le personnage de Jeanne la Mince, petite provinciale fraîchement arrivée à Paris, avec son caractère bien trempé, mais aussi sa naïveté, et surtout le regard mi-étonné mi-sarcastique qu'elle pose sur les évènements de sa vie, y contribue beaucoup. C'est un personnage que j'ai trouvé très attachant et amusant.
   Quant à la narration, son humour certain n'a cependant pas toujours fonctionné sur moi, mais le roman reste facile à lire et très divertissant.
   J'ai donc bien apprécié ce roman, sans qu'il s'agisse toutefois d'un coup de coeur, mais je lirai volontiers la suite, Jeanne la Mince et l'amour, pour y retrouver la même fraîcheur et le même charme désuet.

Mon verdict
   4/5, amusant


jeudi 23 octobre 2014

In English - Eoin Colfer - Warp book 1

   Since I am now on holidays, I have a little more time to read... Here is a book I have just finished.

Title: WARP book 1
Subtitle: The reluctant Assassin
Author: Eoin Colfer
Genre: fantasy, adventure
Year: 2013
Country: Ireland

Summary
   Rieley is a fourteen-year old Victorian teenager who lives in London. He is an orphan and lives with Albert Garrick, an assassin who used to be a magician and wants Riley to be his assistant. Riley's life goes upside down when he is accidentally transported to the 21th century. He meets there Chevron Savano, the youngest FBI agent, who tells him she belongs to the WARP (Witness Anonymous Protection Programm). This federal programm sends witnesses back in time to protect them. Riley went to our time because of a fail of this programm. But the problem is that Garrick wants to get back Riley, and he soon manages to go to the 21th century to chase both Riley and Chevron, who decided to protect him. They will travel in time several times to escape him and save their lives.

My opinion
    First of all, I have to confess Eoin Colfer is one of my favorite authors. I read both the Artemis Fowl series and Airman, and I loved them. This is why I wanted to read his new series.
    Just like as in the Artemis Fowl series, the characters are awesome. The Victorian orphan is the real thing and is so, so cute... Garrick is chilling, a terrifying assassin. Chevie Savano made me think of Artemis Fowl because of her insolence and boldness, though she is more human than him. One more time, the characters are the good point in Eoin Colfer's novels.
    But good characters you get to love are not enough to consider this book as really good. The plot is important too. And... I personnally think it was unclear and difficult to understand. I didn't understand the FBI's motivations to make witnesses travel in time to protect them. To my mind, such a decision is much riskier than protecting them in our time. Since this is the basis of the plot, you will undestand why it didn't convince me.
   Last but not least, as far as the writing is concerned, I didn't find in this novel the humor I loved in the AF series or in Airman. The whole book isn't really funny, and I thought Eoin Colfer's writing lost a bit of its originality.
   This is why I didn't fall in love with this book the same way I did with other Eoin Colfer novels. Globally speaking, I was not really filled in enthusiasm when I finished this novel... 

To conclude
   3/5, wonderful characters but unconvincing plot

dimanche 28 septembre 2014

Romain Gary - Les Cerfs-Volants

   Aujourd'hui j'aimerais vous présenter un livre que j'ai dû lire au lycée (et que je présenterai comme oeuvre complète au bac de Français...). Vous connaissez peut-être mon amour des lectures imposées... Ça a donné un beau gâchis l'année dernière... Vous pensez donc comme j'étais enthousiaste en ouvrant ce livre...

Titre: Les cerfs-volants
Auteur: Romain Gary (pseudonyme de Roman Kačev)
Genre: roman historique, roman d'amour
Date de parution: 1980
Pays: France

Résumé
L'histoire s'ouvre dans un petit village de Normandie, Cléry, en 1932. Le petit Ludo, orphelin de onze ans, vit chez son oncle Ambroise Fleury, facteur rural surnommé le "facteur timbré" par les habitants de Cléry en raison de sa passion pour la fabrication des cerfs-volants et de son pacifisme. Celui-ci l'élève en entretenant chez son neveu le don naturel des Fleury, la mémoire. Un après-midi, Ludo rencontre une petite fille un peu plus âgée que lui, une aristocrate polonaise au caractère fantasque, Lila Bronicka. Cette simple rencontre sera pour Ludo le début d'une grande passion amoureuse qui durera toute sa vie. Quatre ans plus tard, Ludo retrouve Lila, devenue jeune fille, qui passe ses vacances à Cléry avec son frère Tad, aux opinions marxistes, son ami Bruno, pianiste virtuose et son cousin allemand Hans qui sont tous deux subjugués par la jeune fille. Les cinq jeunes gens passeront des étés heureux à Cléry, entourant Lila dont le passe-temps favori est de rêver d'elle-même, de son avenir. Malgré la différence sociale qui les sépare, Lila tombe à son tour amoureuse de Ludo. Mais la Seconde Guerre Mondiale menace et troublera le bonheur de ces jeunes amants...

Mon avis
    Ce roman m'a beaucoup surpris. En effet, étant donné que j'ai horreur d'être obligée de lire un livre, je m'attendais à détester celui-ci. Pourtant, il n'en a pas été ainsi. Voilà pourquoi.
    D'abord, les personnages du roman sont tous attachants. Les sentiments de Ludo, le narrateur, sont admirablement rendus: sa jalousie vis-à-vis de Hans qui a la noblesse et la distinction qui lui manquent, son amour et sa fidélité pour ce personnage étrange et ambitieux de Lila, qui m'a un peu rappelé Zinaïda dans Premier Amour de Tourgueniev m'ont subjugué. Ambroise Fleury, son patriotisme, sa bonhommie et son originalité m'ont conquise. Le personnage haut en couleur de Marcellin Duprat, chef cuisinier haut en couleur du Clos Joli, le restaurant triplement étoilé de Cléry et haut lieu de la gastronomie française, m'a étonnée, amusée et suscité mon admiration pour l'idée qu'il a de la France.
    Le deuxième point fort de ce roman, c'est son aspect historique. En effet, la Seconde Guerre mondiale est une période de l'Histoire qui m'intéresse, mais sur laquelle tant de romans, bons comme médiocre, ont été écrits, et qui déchaîne encore certaines passions aujourd'hui, si bien que tout cela en fait un sujet difficile à traiter sans tomber dans la banalité ou le manichéisme, à mon avis. Ce roman est merveilleux, parce que ce roman est une ode à l'âme de notre France, représentée par la Résistance active de certains personnages comme par la Résistance culturelle menée par Marcellin Duprat, tout en n'occultant pas certains côtés plus sombres de l'après-Libération, comme l'épuration par exemple. De plus, ce roman n'est pas empreint d'un chauvinisme stupide, c'est une ode à ce qui a fait la grandeur de la France, son histoire, sa culture, sa gastronomie, à travers le thème de la mémoire, thème central du roman. Il m'a rappelé le film de Jean Renoir La Grande Illusion, car on y voit un général prussien amoureux de la France, et de la culture en général, luttant contre le nazisme.
    Le style de Romain Gary est magnifique, sobre mais rayonnant de vie et de beauté. Le livre est globalement facile à lire, il est passionnant et se lit d'une traite.
    J'ai donc absolument adoré ce livre, que je recommande chaudement, d'autant plus que je pense qu'il peut plaire à un très large public.

Mon verdict
    5/5, un merveilleux roman, hymne à la mémoire, à la culture et à la France.