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samedi 18 juillet 2015

Maÿlis de Kerangal - Je marche sous un ciel de traîne

   Après Corniche Kennedy et Tangente vers l'est, je reviens avec un nouveau billet sur un roman de Maÿlis de Kerangal (oui, encore).

Titre: Je marche sous un ciel de traîne
Auteur: Maÿlis de Kerangal
Genre: roman
Date de publication: 2000
Pays: France

Résumé
   Dans un village du Périgord, Antoine, la trentaine, mène une existence stérile et solitaire. Ses seules occupations sont le dessin de monuments historiques locaux pour des guides de tourisme et les parties de pêche avec son ami Tabasque, libraire en faillite. Lorsque celui-ci accueille Claire, sa nièce, une toute jeune femme énigmatique, les certitudes d'Antoine volent en éclat et celui-ci connaît le désir et le doute, mettant au jour le passé trouble du village et les manipulations de Tabasque.

Mon avis
   Encore une fois, l'atmosphère de ce roman est remarquable. Le lecteur est tout de suite plongé dans cette ambiance végétative et morne d'un village de campagne où tout se délite lentement.
   De même, les personnages sont remarquablement évoqués. J'ai trouvé Antoine particulièrement  attachant avec sa naïveté, sa simplicité, malgré toute sa passivité.Tabasque, haut en couleurs, m'a fait sourire, et Claire m'a laissée perplexe.
   Cependant, l'aspect de ce roman que j'ai trouvé le plus intéressant, c'est cet hommage à la mémoire, qui n'a pas été sans me rappeler les Cerfs-Volants de Romain Gary. Mémoire de l'Histoire, mémoire familiale et mémoire personnelle qu'Antoine finit par accepter. En cela ce roman m'a vraiment passionnée.
   La plume de Maÿlis de Kerangal est toujours un délice à lire, même si, dans ce premier roman, elle n'a pas encore acquis toutes ses spécificités.
   J'ai donc bien aimé ce roman plus centré sur la psychologie, même si je n'en suis pas ressortie aussi exaltée qu'après Corniche Kennedy ou Tangente vers l'est.

Mon verdict
5/5, un intéressant roman de la mémoire.

samedi 17 janvier 2015

Michel Tournier - Vendredi ou les limbes du Pacifique

   Encore un roman que je devais lire pour le lycée et que nous allons étudier en œuvre intégrale pour le bac. J'ai déjà parlé ici d'un livre que j'ai dû lire pour le lycée. Il s'agissait des Cerfs-Volants, de Romain Gary, une œuvre que j'avais adorée. J'attendais donc beaucoup de celui-ci qui, d'après ce que j'ai cru comprendre, est un classique du bac.

Titre: Vendredi ou les limbes du Pacifique
Auteur: Michel Tournier
Genre: conte philosophique, réécriture
Date de publication: 1969
Pays: France

Résumé
   Robinson Crusoé, jeune Anglais d'une vingtaine d'années, est le seul rescapé du naufrage du navire La Virginie. Il se retrouve totalement seul, sur une île inhabitée au large du Chili, loin de la côte ou même des îles habitées. Il met alors tous ses efforts dans la construction d'un bâteau, qu'il nomme l'Évasion, afin d'échapper au terrible destin qui l'attend. Mais il a négligé un paramètre de taille lors de sa construction: le poids. Le bâteau est trop lourd pour que Robinson puisse l'amener à la mer. Désespéré, le naufragé s'abandonne alors à la souille: il reste prostré, le corps plongé dans un marécage boueux qui, par une étrange association d'idées, lui rappelle son enfance. Il finira par en sortir pour décider de se reprendre en main et d'organiser sa vie sur l'île, qu'il nomme Speranza, et avec laquelle il entretiendra des relations pour le moins intimes, passant par plusieurs phases successives.

Mon avis
   Enfant, j'avais adoré le Robinson Crusoé de Daniel Defoe. Le moins que je puisse dire au sujet de cette version, c'est qu'elle en diffère totalement.
   En effet, si la version originale était plus un roman d'aventures, celle-ci est un conte philosophique à part entière, abordant les thèmes de la solitude, de la proximité avec la Nature, de la sexualité, et même du racisme. Ceci confère à cet ouvrage un certain intérêt, mais je n'ai franchement pas apprécié. En effet, la philosophie de ce livre penche, selon moi, vers l'ésotérisme, ce qui m'a fait trouver ce conte assez obscur. J'avoue que je n'ai pas tout compris (et c'est une litote...). Le passage de Robinson passant par des phases psychologiques successives m'a cependant intéressée, tout comme les derniers rebondissements de l'intrigue que j'ai trouvés tout à fait porteurs de sens. Ceci dit, les passages d'une phase psychologique à l'autre m'ont paru un peu brutaux. J'ai également du mal avec le mythe du bon sauvage, qui a une place importante, surtout vers la fin du livre: en effet, ne rien faire, ne pas se projeter dans l'avenir, et surtout vivre au gré de ses envies du moment les plus fantasques, n'est-ce pas renoncer à sa qualité d'homme en abdiquant toute volonté et en ne se laissant plus guider que par ses instincts ? De plus, je pense que l'homme est fait pour vivre en société, pour entretenir des relations avec les autres, communiquer avec eux sur tous les sujets possibles. Je n'étais donc pas vraiment d'accord avec la thèse défendue par ce livre; après, cela ne m'a pas empêché de trouver certaines idées intéressantes.
   Une deuxième chose m'a gêné dans ce livre, et je le dis franchement au risque de paraître prude ou vieux-jeu: c'est le rapport vraiment...particulier que Robinson a à la sexalité, rapport présenté comme idéal dans le conte. D'autant plus que le sens à donner à tout cela est plus qu'obscur. Certains détails honnêtement peu ragoûtants et l'emploi de mots qui ne devraient jamais figurer dans la littérature ne m'ont pas plu.
   Ici une petite mise au point s'impose. À ce stade, vous devez me trouver horriblement prude et étroite d'esprit. Ce n'est pas que je n'apprécie pas que la littérature aborde le sujet de la sexualité: si tel était le cas, je n'aurais plus grand-chose à lire... Par exemple, des auteurs comme Zola, qui aborde tout de même ce thème en long, en large et en travers dans la plupart de ses romans (je pense, entre autres, à Nana ou à La Terre), et qui, par ailleurs est mon auteur préféré, ou Maupassant, volontiers grivois, ont l'art extraordinaire d'aborder de tels sujets d'une façon toujours fine, sans employer de mots crus ou vulgaires, et avec le génie qui leur est propre.
   En ce qui concerne la simple forme, je n'ai pas apprécié non plus: j'ai trouvé le style presque pédant tellement il est recherché et alambiqué. Les phrases regorgent d'adjectifs et d'adverbes, chacun de plus de quatre syllabes. D'une façon général, j'ai trouvé que cette abondance de détails, cette richesse de déterminants, nuisait au pouvoir de suggestion du livre. Mon imagination a été peu sollicité et je me suis franchement ennuyé, d'autant plus que j'ai peiné à trouver un sens à tout cela. Malgré tout, j'ai apprécié le système d'énonciation et de point de vue qui oscille entre le point de vue du narrateur omniscient et celui de Robinson.
   Tout compte fait, j'appréhende pas mal le fait de devoir travailler pendant un mois là-dessus...

Mon verdict
1/5, précieux et obscur



dimanche 28 septembre 2014

Romain Gary - Les Cerfs-Volants

   Aujourd'hui j'aimerais vous présenter un livre que j'ai dû lire au lycée (et que je présenterai comme oeuvre complète au bac de Français...). Vous connaissez peut-être mon amour des lectures imposées... Ça a donné un beau gâchis l'année dernière... Vous pensez donc comme j'étais enthousiaste en ouvrant ce livre...

Titre: Les cerfs-volants
Auteur: Romain Gary (pseudonyme de Roman Kačev)
Genre: roman historique, roman d'amour
Date de parution: 1980
Pays: France

Résumé
L'histoire s'ouvre dans un petit village de Normandie, Cléry, en 1932. Le petit Ludo, orphelin de onze ans, vit chez son oncle Ambroise Fleury, facteur rural surnommé le "facteur timbré" par les habitants de Cléry en raison de sa passion pour la fabrication des cerfs-volants et de son pacifisme. Celui-ci l'élève en entretenant chez son neveu le don naturel des Fleury, la mémoire. Un après-midi, Ludo rencontre une petite fille un peu plus âgée que lui, une aristocrate polonaise au caractère fantasque, Lila Bronicka. Cette simple rencontre sera pour Ludo le début d'une grande passion amoureuse qui durera toute sa vie. Quatre ans plus tard, Ludo retrouve Lila, devenue jeune fille, qui passe ses vacances à Cléry avec son frère Tad, aux opinions marxistes, son ami Bruno, pianiste virtuose et son cousin allemand Hans qui sont tous deux subjugués par la jeune fille. Les cinq jeunes gens passeront des étés heureux à Cléry, entourant Lila dont le passe-temps favori est de rêver d'elle-même, de son avenir. Malgré la différence sociale qui les sépare, Lila tombe à son tour amoureuse de Ludo. Mais la Seconde Guerre Mondiale menace et troublera le bonheur de ces jeunes amants...

Mon avis
    Ce roman m'a beaucoup surpris. En effet, étant donné que j'ai horreur d'être obligée de lire un livre, je m'attendais à détester celui-ci. Pourtant, il n'en a pas été ainsi. Voilà pourquoi.
    D'abord, les personnages du roman sont tous attachants. Les sentiments de Ludo, le narrateur, sont admirablement rendus: sa jalousie vis-à-vis de Hans qui a la noblesse et la distinction qui lui manquent, son amour et sa fidélité pour ce personnage étrange et ambitieux de Lila, qui m'a un peu rappelé Zinaïda dans Premier Amour de Tourgueniev m'ont subjugué. Ambroise Fleury, son patriotisme, sa bonhommie et son originalité m'ont conquise. Le personnage haut en couleur de Marcellin Duprat, chef cuisinier haut en couleur du Clos Joli, le restaurant triplement étoilé de Cléry et haut lieu de la gastronomie française, m'a étonnée, amusée et suscité mon admiration pour l'idée qu'il a de la France.
    Le deuxième point fort de ce roman, c'est son aspect historique. En effet, la Seconde Guerre mondiale est une période de l'Histoire qui m'intéresse, mais sur laquelle tant de romans, bons comme médiocre, ont été écrits, et qui déchaîne encore certaines passions aujourd'hui, si bien que tout cela en fait un sujet difficile à traiter sans tomber dans la banalité ou le manichéisme, à mon avis. Ce roman est merveilleux, parce que ce roman est une ode à l'âme de notre France, représentée par la Résistance active de certains personnages comme par la Résistance culturelle menée par Marcellin Duprat, tout en n'occultant pas certains côtés plus sombres de l'après-Libération, comme l'épuration par exemple. De plus, ce roman n'est pas empreint d'un chauvinisme stupide, c'est une ode à ce qui a fait la grandeur de la France, son histoire, sa culture, sa gastronomie, à travers le thème de la mémoire, thème central du roman. Il m'a rappelé le film de Jean Renoir La Grande Illusion, car on y voit un général prussien amoureux de la France, et de la culture en général, luttant contre le nazisme.
    Le style de Romain Gary est magnifique, sobre mais rayonnant de vie et de beauté. Le livre est globalement facile à lire, il est passionnant et se lit d'une traite.
    J'ai donc absolument adoré ce livre, que je recommande chaudement, d'autant plus que je pense qu'il peut plaire à un très large public.

Mon verdict
    5/5, un merveilleux roman, hymne à la mémoire, à la culture et à la France.