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samedi 20 juin 2015

Maylis de Kerangal - Tangente vers l'est

   Encore Maylis de Kerangal... Comme j'avais adoré Corniche Kennedy, je me suis jetée sur un autre de ses romans, dont le thème, la Russie, avait tout pour m'attirer !

Titre: Tangente vers l'est
Auteur: Maylis de Kerangal
Genre: roman
Date de publication: 2012
Pays: France

Résumé
    Aliocha, un jeune conscrit russe d'un naturel assez timide, se trouve à bord du Transsibérien avec son contingent , une troupe de soldats frustres et brutaux qui n'ont pas tardé à le prendre pour tête de Turc. Rempli d’appréhension à l'idée du sort hasardeux qui l'attend à la caserne, il n'a qu'une idée en tête: déserter. Une nuit, il rencontre une Française, Hélène, qui vient de quitter son amant russe. Malgré la barrière de la langue, ils sympathisent et Aliocha finit par la supplier de le laisser se cacher dans son compartiment jusqu'à ce qu'il puisse quitter le train à un moment opportun. Contre toute attente, la jeune femme accepte et c'est une étrange cohabitation qui commence.

Mon avis
  Une fois de plus, je n'ai pas été déçue. J'ai dévoré d'une traite ce roman assez court qui se lit très facilement. Les personnages sont esquissés tout à fait justement et je m'y suis attachée rapidement, même si somme toute le lecteur en sait peu sur eux.
   J'ai trouvé également très intéressant d'avoir un aperçu de la Russie d'aujourd'hui, puisque c'est vrai qu'on connait mieux en général la Russie du XIXème ou de l'ère soviétique. J'ignorais même, je l'avoue, que le service militaire y existait encore, et pour moi qui ne l'ai pas connu, cet aperçu n'était pas dénué d'intérêt. Évidemment, dans un roman aussi court, on n'aura pas une vision globale, mais on se rendra tout de même compte de certains problèmes qui gangrènent ce pays aujourd'hui (je pense notamment à l'alcool ou à la pauvreté). J'ai donc apprécié cet aspect naturaliste.
   Il faut également ajouter que Maylis de Kerangal a un véritable don pour créer des atmosphères, et c'est, je pense, ce qui contribue à ce que je "rentre" aussi vite dans ses romans. L'évocation du lac Baïkal était ainsi particulièrement remarquable.
   Quant au style, je l'aime énormément, je dois l'avouer. L'écriture est suffisamment originale pour retenir l'intérêt et la curiosité du lecteur et suffisamment classique pour plaire au plus grand nombre. J'ai aussi souri à certaines pointes d'humour à propos du personnage d'Hélène, qui "a de la Russie une vision tragique et lacunaire, montage confus où s'enchaînent la chute fatale d'un landau dans un escalier monumental d'Odessa, le tison brûlant sur les yeux de Michel Strogoff, la gymnaste Elena Moukhina qui voltige aux barres asymétriques, le visage de Lénine, fiévreux, haranguant la foule, le drapeau de l'Union Soviétique au sommet du Reichstag, les photos trafiquées, les sourcils de Brejnev et la barbe de Soljenitsyne, La Mouette à l'Odéon un soir de printemps, les milliers de prisonniers qui creusent un canal entre la Mer Baltique et la Mer Blanche, Noureïev qui bondit par-dessus la barrière dans un aéroport, un défilé de chars sur la place Rouge [...]"

   J'ai donc, encore une fois, adoré ce roman, et commence à apprécier, finalement, ces fins abruptes qui laissent tout le loisir d'imaginer ce qui arrive ensuite aux personnages.


Mon verdict
        5/5, un grand roman



    Sinon ça y est j'ai passé le bac de Français ! L'objet d'étude à l'honneur cette année, le théâtre, n'était pas vraiment celui que j'espérais et je connaissais mal les pièces étudiées (Phèdre de Racine, Le Roi se meurt de Ionesco et Le Tigre bleu de l'Euphrate de Laurent Gaudé). J'ai joué la carte de la sécurité en choisissant le commentaire de l'extrait du Tigre bleu de l'Euphrate. Honnêtement je ne pense pas avoir fait quelque chose de mirobolant, mais je ne m'en suis finalement pas si mal tirée, je pense.
   Et j'ai profité de ma semaine de révision pour me venger de tout ce temps où j'ai lu au compte-goutte: j'ai bien dû lire 2 ou 3 livres par jour (bon, en comptant les Profil Bac pour l'oral). J'ai été très ambitieuse dans mes choix à la bibliothèque et vous prévois pour d'ici quelque temps plusieurs articles !

dimanche 26 octobre 2014

David Lynch - Elephant Man (film)

   Ceci est un petit cadeau à l'attention de ceux de mes lecteurs qui passeront, comme moi, le bac de Français à la fin de l'année. En effet, nous avons regardé ce film au lycée dans le cadre de l'objet d'étude "La vision de l'homme du XVIème siècle à nos jours". Je vous livre donc mon avis sur ce film, avis que je rédige en français contrairement à mes habitudes, puisque le cinéaste est de langue anglaise, mais comme mon billet du début de la semaine était rédigé dans la langue de Shakespeare, je me suis dit "Point trop n'en faut, je suis française, que diable !", et voilà donc les raisons de cette entorse à mes habitudes.

Titre: Elephant Man
Réalisateur: David Lynch
Avec: John Hurt, Anthony Hopkins
Genre: biographie - drame
Date de sortie: 1980
Pays: Etats-Unis - Royaume-Uni

Résumé
   Le film est une adaptation romancée de la vie d'un homme né atteint d'une atroce difformité, Joseph Merrick, qui a vécu à l'époque victorienne. A travers le point de vue du docteur Treves (Anthony Hopkins), le spectateur le découvre traité comme un animal par un forain qui en fait son gagne-pain. Le docteur, révulsé par son sort horrible, le fait admettre à l'Hôpital de Londres, tout d'abord pour étudier son cas physiologique, puis en essayant de l'aider à se remettre des années terribles qu'il a passsées avec son "maître" en le traitant, enfin, humainement. John Merrick réapprend donc la confiance et la vie en société. Cependant, le forain n'a pas dit son dernier mot et John, surnommé "homme-éléphant" de par son physique, devra faire face aux pires travers de l'homme.
Mon avis
   Comme on s'en doute, ce film est bien sûr l'occasion d'une réflexion sur l'humanité et la question de la monstruosité. L'origine de la difformité de John Merrick reste floue, le spectateur peine à trancher entre l'origine surnaturelle ou due au hasard de celle-ci. John Merrick, obligé de vivre coupé du monde, même après sa rédemption, suscite l'interrogation du spectateur. Peut-être plus qu'une réflexion sur la monstruosité, ce film touche également, et ceci est mon interprétation personnelle, à la question de l'humanité en général et du mal dans la nature humaine en particulier, à travers les différentes façons d'envisager la "monstruosité" de John Merrick et les réactions diverses des hommes à sa vue. Même le personnage du docteur Treves, qui pourtant arrache Merrick à son tortionnaire, est pour moi ambigu: le cours magistral qu'il donne sur John Merrick en détaillant son anatomie, les articles de journaux avec des titres à sensation, les visites de personnalités chez John Merrick ne sont-ils finalement pas aussi la preuve d'un autre voyeurisme, plus policé certes, mais qui porte tout autant atteinte à la dignité humaine ? Je ne peut m'empêcher de rapprocher cette problématique de ce qu'on peut voir aujourd'hui dans les journaux, à la télévision, sur Internet, ces médias nous abreuvant à chaque conflit ou catastrophes naturelles de corps déchiquetés, de populations accablées photographiées en un instant si terribles pour elles ? Une nouvelle forme de voyeurisme est-elle née ? L'information est-elle à ce prix ? Vaste question à laquelle je ne m'engagerai pas à répondre... Cette digression m'amenant à affirmer que cette dimension presque philosophique confère à ce film une bonne partie de son intérêt.
   Mais ce qui m'a personnellement le plus frappée dans ce film, et ce qui fait pour moi son originalité, c'est la force, l'intensité des réactions qu'il suscite chez le spectateur (ou en tout cas qu'il a suscitées chez moi). En effet, plusieurs scènes broient le cœur, tant on se rend compte à quel point la cruauté humaine et le simple voyeurisme ou curiosité malsaine peuvent faire des ravages. En cela, l'atmosphère du film, la musique, le choix du tournage en noir et blanc, le jeu parfait et plein de sobriété des acteurs contribuent également. Je dois avouer que je n'ai jamais réagi (intérieurement, cela va sans dire) aussi violemment devant un film. La pitié, l'horreur humaine, la compassion, tous ces sentiments, je les ai ressenti avec une intensité que je n'avais jusque là jamais éprouvé devant une œuvre cinématographique.
   Cela va sans dire que son visionnage est cependant, selon moi, à éviter aux enfants jusqu'à un certain âge, car ce film est tout de même très impressionnant. Mais vous l'aurez compris, je ne peux que recommander cet excellent film, avec beaucoup d'enthousiasme, puisqu'il combine réalisation de qualité et intérêt sans conteste.
Mon verdict
   5/5, une œuvre d'art d'un grand intérêt