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dimanche 17 mai 2015

Philippe Beaussant - Héloïse

   Sur les bons conseils de ma sœur, qui m'a prêté ce roman, je me suis plongée dans la lecture d'Héloïse, de Philippe Beaussant.

Titre: Héloïse
Auteur: Philippe Beaussant
Genre: roman d'amour
Date de publication: 1993
Pays: France

Résumé
    A la fin du XVIIIème siècle, la jeune Héloïse passe une enfance idyllique dans le château où son père est régisseur et sa mère femme de chambre. Elle doit son prénom à l'héroïne de Rousseau que révèrent le Comte, la Comtesse et ses parents. Son compagnon de jeux, le fils des châtelains, est lui-même prénommé Jean-Jacques. Les deux enfants sont élevés selon les principes d'éducation de l'Émile: entourés d'affection, jamais réprimandés, ils découvrent la nature, apprennent à lire dans La Nouvelle Héloïse avec les mêmes maîtres, et leurs parents leur apprennent même à faire la charité aux nécessiteux du village. Ce ciel sans nuages s'obscurcit lorsque le jeune Jean-Jacques est envoyé en ville faire des études militaires. Ayant été bercée des romans d'amour de Rousseau, précurseur du romantisme, elle tombe fatalement amoureuse du jeune garçon, et ne cesse de se languir de lui les longues années qu'il passera loin du château. Mais quand il reviendra, la Révolution française aura été amorcée à Versailles et les deux héros verront leur monde s'effondrer.

Mon avis
   Tout d'abord, j'ai trouvé ce roman plutôt facile à lire: il est court, et de style fluide et agréable. La fin, assez abrupte, est remarquable.
   Je devrais parler de l'intrigue, qui n'est pas d'une originalité débordante: la naissance de l'amour et de ses illusions chez une jeune fille, l'idylle contrariée et la tourment de la Révolution française sont des thèmes vus et revus. Mais ce n'est pas l'intrigue en elle-même qui fait l'originalité et l'intérêt du roman, c'est plutôt ce regard critique sur les théories rousseauistes.
   Je dois avouer que je connaissais mal Rousseau: je l'ai peu étudié en cours de Français, et ma connaissance de ses thèses n'étaient pas très poussées. Ce roman m'a apporté sur ce sujet un éclairage nouveau.
   Mais l'intérêt principal du roman consiste en la prise de distance critique de la narratrice, Héloïse vieille femme, par rapport à cette éducation. En effet, l'impression ressentie par le lecteur est que ces deux enfants sont maintenus à l'écart du monde de leur époque, du vrai monde: ils vivent dans un monde idyllique, un "monde de Bisounours" où tout le monde est beau, gentil, généreux et nourrit de bons sentiments. Si bien que lorsqu'ils sont confrontés à la haine et à l'hostilité des habitants du village pendant la Révolution, la désillusion est brutale et cruelle pour eux, et ils sont complètement désarçonnés et ne savent comment réagir.
   De même, leur éducation sentimentale est désastreuse: la façon dont Héloïse tombe amoureuse de Jean-Jacques est assez artificielle finalement: elle l'aime pour imiter les héroïnes dont elle a entendu parler pendant toute son enfance.
   L'éducation des parents est finalement assez paradoxale et incohérente, puisqu'ils ne cessent de prêcher l'égalité et élèvent les deux enfants ensembles, mais refusent fermement de consentir à un mariage qui serait une mésalliance. J'ai trouvé la façon dont ils organisent pour les enfants une sorte de visite d'une famille miséreuse pour les inciter à la charité assez artificielle et cette mise en scène gênante.
   Ce roman est très intéressant pour comprendre le retournement des esprits à l'origine de la Révolution française, initié par les philosophes des Lumières, repris avec enthousiasme par les nobles, et communiqué au peuple des campagnes plus ou moins manipulé par des meneurs. Cette vision des choses m'a intéressée, même si ce n'est peut-être pas l'unique possible. Enfin je ne vais pas trop m'aventurer sur ce terrain-là, je ne maîtrise pas du tout assez l'histoire pour en parler.
   Même si cette période de l'Histoire ne me passionne pas plus que ça, j'ai quand même lu ce roman avec intérêt à cause de ces aspects.

Mon verdict
4/5, intéressant

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