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mercredi 27 août 2014

Le Prénom - Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte

  Voici une petite critique de ce grand succès français. Il m'avait été conseillé par deux personnes différentes de ma famille et j'avais donc hâte de pouvoir juger par moi-même. C'est maintenant chose faite...

Titre: Le Prénom
Genre: comédie
Réalisateurs: Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte
Avec: Patrick Bruel, Valérie Benguigui, Guillaume de Tonquédec, Charles Berling
Année: 2012
Pays: France

Résumé
    Pierre et Elizabeth Garraud, tous deux professeurs de littérature, décident d'organiser un dîner familial dans leur appartement parisien. Ils doivent y ré unir Vincent Larchet, frère d'Élizabeth, agent immobilier fortuné, sa femme Anna, enceinte de quelques mois, et Claude Gatignol, joueur de Trombone un peu efféminé et ami d'enfance d'Élizabeth. Mais le dîner tourne mal quand Vincent, qui plaisante volontiers, décide de faire croire à l'assemblée qu'il veut appeler son fils Adolphe. Non, pas comme Adolf Hitler, mais comme le héros de Benjamin Constant. Il déclenche néanmoins un tollé général qui tourne au conflit, et même à la révélation de secrets de famille...

Mon avis
   Le film est en fait adapté d'une pièce de théâtre, jouée par les mêmes acteurs. Cela suppose donc une unité de temps, celui de la soirée du dîner, et de lieu, l'appartement de Pierre et Élizabeth, ainsi qu'un nombre restreint de personnages. Cela aurait pu être pénalisant, mais les réalisateurs ont su transformer ces défauts potentiels en atouts. En cela, le film m'a fait penser à Douze hommes en colère, film extraordinaire de Sydney Lumet avec Henry Fonda, lui aussi adapté d'une pièce de théâtre.
   Tout d'abord, les personnages. Leur nombre réduit sert leur développement. En effet, chaque protagoniste de l'intrigue a un caractère précis, travaillé, mais tout en nuance et en finesse. Certains cachent même des facettes insoupçonnées... Le jeu excellent des acteurs sert d'ailleurs cette évocation des personnages.
   Ensuite, ce qui est plutôt important pour une comédie, le comique est toujours présent grâce aux quiproquos, aux rebondissements inattendus et aux situations amusantes, ainsi qu'à la caricature, légère et gentillette, des bobos parisiens.
   Les seuls petits défauts du film sont, à mon avis, le jeu de Judith El Zein (Anna), pas transcendant, dont le personnage est d'ailleurs un peu pâle; et la fin trop précipitée et "bisounours". Mais ce film reste cependant excellent, drôle, bien joué, jamais prévisible. Je le reverrais donc volontiers. Mention spéciale au générique, très original.

Mon verdict
   4/5, très divertissant



 

vendredi 22 août 2014

Kafka - La Métamorphose

   Me voilà de retour avec une nouvelle cette fois. J'ai de nombreux sujets de billets en attente, deux films et un livre, j'essaierai de poster dans peu de temps.

Titre: La Métamorphose
Auteur: Franz Kafka
Genre: nouvelle fantastique
Date de publication: 1915
Pays: Autriche-Hongrie

Résumé
   Grégoire Samsa est un jeune commis voyageur qui subvient aux besoins de sa famille. Un matin, il se réveille dans le corps d'une sorte d'insecte monstrueux. Bien sûr, il est en butte à des problèmes d'ordre pratique, puisque son grand corps invertébré se révèle difficile à mouvoir. Mais la réaction de sa famille est ce qui l'affecte le plus: il les répugne, et ses parents et sa soeur lui sont d'autant plus hostile qu'il ne rapporte plus la paie nécessaire à la survie matérielle de la famille. Au début, seule sa soeur s'occupera de lui avec un peu de sollicitude, puis sa mère, mais Grégoire sera finalement vite rejeté par les siens.

Mon avis
   Cette nouvelle fantastique est finalement plutôt une nouvelle allégorique, ayant pour thème l'exclusion et le rejet que provoque la différence. En effet, Grégoire est vite mis à l'écart et déconsidéré par toute sa famille qui se montre absolument odieuse à la fin de la nouvelle. L'empathie du lecteur pour le personnage principal est donc importante.  Cette exclusion de la part de sa famille et le dégoût qu'il suscite pousseront même Grégoire, je pense, à la perte de sa dignité et à l'oubli même de son humanité. En cela l'allégorie est remarquable, d'autant plus qu'elle est appuyée par la narration.
   En effet, toute la nouvelle est empreinte, malgré le côté mystérieux et obscur du fantastique de la métamorphose de Grégoire (d'ailleurs jamais décrit dans la nouvelle, et dont on imagine seulement l'aspect repoussant), d'un certain réalisme dans l'évocation des personnages, des lieux, des actions. L'humour se fait même sentir lors de la description du père, vieux commis de banque si fier de son uniforme de travail qu'il en devient ridicule. 
   J'ai également remarqué que les pensées et impressions du héros ne sont finalement presque pas rapportées. Certains pourraient trouver cela gênant. Pour ma part, je trouve que ce procédé permet d'éviter à ce récit de tomber dans le pathos, tandis que l'allégorie, elle, gagne en force de part la suggestion de l'intériorité de Grégoire, adresse à l'imagination du lecteur.
   J'ai trouvé le style de Kafka très agréable à lire. Cette nouvelle faisait partie d'un recueil sur lequel je voulais initialement écrire ce billet. J'ai lu deux autres nouvelles, Le verdict et Le nouvel avocat qui m'ont semblé tellement obscures que j'ai renoncé. Je crains de n'avoir pas la maturité suffisante pour saisir toutes les allégories présentes dans ces nouvelles, même pour La métamorphose où elle était plus évidente. Dans quelques années peut-être... Pour l'instant, je crois que je vais momentanément abandonner Kafka. 

Mon verdict
   3/5, allégorie juste




samedi 16 août 2014

Abbé Prévost - Manon Lescaut

   Décidément je tiens mes promesses de poster à une cadence irrégulière pendant l'été... Il est vrai que ma vitesse de lecture dépend beaucoup du livre que je suis en train de lire. J'ai cependant mis à profit ce temps pour regarder des blogs de lecture. Je peux vous en conseiller un, qui offre des avis détaillés et pleins d'humour, la section sur les classiques m'a donné quelques idées de lecture. Je ne peux que vous encourager à y jeter un coup d'oeil:Les lectures de Cécile

Titre: Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut
Auteur: Abbé Prévost
Genre: roman d'amour, roman-mémoires
Date de publication: 1731
Pays: France

Résumé
   Le chevalier des Grieux, jeune homme naïf et inexpérimenté, tombe subitement amoureux d'une charmante jeune fille rencontrée fortuitement. Entrainé par son amour passionné pour elle, il va jusqu'à s'enfuir avec elle à Paris pour la délivrer du couvent dans lequel ses parents l'envoient contre son gré. Hélas, la vie avec sa maîtresse, qui a pour nom Manon Lescaut, deviendra vite épineuse. En effet, la jeune fille, d'un caractère cependant bon et affable, pleine de tendresse pour le chevalier, a un caractère inconstant et volage. De plus, elle ne supporte pas la pauvreté dans laquelle les deux jeunes gens sont obligés de vivre. Des Grieux, pour son amour et malgré ses infidélités, ira jusqu'à perdre tout sens de l'honneur.

Mon avis
   Selon moi, le thème du roman est la puissance dévastatrice de l'amour sur un homme pourtant inexpérimenté. En effet, des Grieux, pour l'amour de Manon, s'abaisse à commettre des actions viles et malhonnêtes, comme la trahison, l'escroquerie ou la triche au jeu, uniquement motivé par la peur de perdre celle qu'il aime. Naïf et aveuglé par sa passion, il commet des actes sans aveu pour l'amour d'une personne qui n'en vaut, à mon avis, pas la peine. Malgré ses grandes protestations de tendresse, Manon rend bien mal sa fidélité au chevalier qui lui a tout sacrifié, famille, fortune et honneur.
   Pourtant Manon ne m'a pas semblé détestable, antipathique, elle est seulement affligé d'une légèreté de caractère qui la rend malheureuse et détruit la vie de son amant.
   Ce roman décrit donc avec finesse l'esclavage de la passion, et esquisse des portraits plutôt justes psychologiquement, à travers le regard rétrospectif et plus mûr du Chevalier plus âgé.
   Cependant, je ne cache pas que j'ai mis quelque temps à terminer la lecture de ce livre. En effet, je n'ai pas accroché avec le style de l'abbé Prévost, qui use et abuse du discours rapporté au style indirect. Cette forme sied au genre des mémoires, mais le récit perd en force et vivacité.

Mon verdict
   3/5 pour ce roman sur l'amour comme motivation


dimanche 3 août 2014

Patrick Süskind - Le Parfum

  Comme promis, voici donc l'article sur Le Parfum.

Titre: Le Parfum
Sous-titre: Histoire d'un meurtrier
Auteur: Patrick Süskind
Genre littéraire: roman
Année: 1985
Pays: Allemagne

Résumé
   Jean-Baptiste Grenouille, enfant trouvé dont la mère a été exécutée pour tentative d'infanticide, naît à Paris en plein XVIIIème siècle. La Ville Lumière est alors un cloaque dégageant des relents infects,  l'hygiène de l'époque étant assez sommaire... Mais dans cette puanteur, Jean-Baptiste encore nourrisson se révèle assez original: en effet, il ne dégage aucune odeur. C'est pourquoi il repousse la plupart des gens qui le considèrent comme une créature démoniaque. Il grandit tant bien que mal dans une pension tenue par une nourrisse absolument insensible, et se fait remarquer par sa capacité à résister aux maladies. Là se développe chez lui un sens de l'odorat extrêmement sensible. Devenu enfant, il est envoyé chez un tanneur, où il exerce un métier difficile et dangereux à cause des émanations des produits employés, tout cela dans des conditions de vie déplorable. Au fur et à mesure des années, il finit par gagner un peu plus de liberté en obtenant le droit de sortir dans Paris. Lors d'une fête populaire, son nez si fin perçoit une odeur délicieuse qu'il n'avait jamais rencontré auparavant. C'est ainsi que le jeune Grenouille arrive jusqu'à une jeune fille, qu'il décide de tuer afin de s'approprier son odeur. Il commencera alors une longue quête pour devenir parfumeur et être capable de créer un parfum de cette senteur. 

Mon avis

  La première qualité de cet ouvrage fascinant, c'est que le lecteur parvient à "sentir", grâce à la capacité merveilleuse qu'a son auteur de décrire des odeurs. Par cette lecture, c'est tout le sens volatil, fugitif et indéfinissable de l'odorat qui est sollicité, ce qui est assez original pour être souligné. La force de ce livre réside dans le pouvoir de suggestion fantastique du champ lexical des parfums. C'est à mon sens ce qui constitue l'intérêt principal du Parfum.
   Ce qui m'a aussi beaucoup intéressée, c'est cette plongée dans l'univers de la parfumerie. Les détails techniques de la fabrication d'un parfum au XVIIIème m'ont passionnée. Ainsi, un autre avantage de ce roman est d'être didactique: on apprend avec plaisir.
   Ce que je vais avancer maintenant est très personnel, subjectif. Je trouve que Le Parfum n'est pas, ou presque pas, un roman psychologique. Le fait est que je suis mitigée à ce sujet. Mes goûts m'inclinent à considérer cela comme un inconvénient, mais cela pourrait aussi bien être vu comme un point positif. Je m'explique: le personnage principal, Grenouille donc, n'a pas de personnalité. Aucune émotion ne semble traverser son coeur. D'ailleurs, selon moi, il tient plus du monstre que de l'être humain. Grenouille peut aussi être vu comme un malade mental, mais un malade mental logique et intelligent, habité par une idée fixe. C'est donc un personnage inquiétant qui conduit le récit à la lisière du fantastique. Il est vrai que, par rapport à lui, les personnages secondaires sont, pour la plupart, un peu sacrifiés.
   En ce qui concerne la pure forme, je n'ai personnellement pas accroché: les longues phrases travaillées m'ont laissée de marbre. Il est vrai que je préfère les phrases courtes et sèches de Camus, par exemple, (voir mon article sur l'Etranger), à leur profusion.
   Je n'ai pu m'empêcher de sourire à la mention du Plomb du Cantal "endroit le plus sauvage de France" selon Grenouille, un lieu que je connais bien. Le pauvre aurait un drôle de choc en voyant la station de ski qui y a été construite, ou le flot de randonneurs qui viennent y marcher l'été !...

Mon verdict
   4/5, belle évocation des odeurs