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vendredi 30 janvier 2015

Victor Hugo - Le Dernier Jour d'un condamné

   De Victor Hugo, on retient bien sûr l'immense œuvre poétique avec Les Contemplations, romanesque avec Les Misérables (que j'ai lus plus jeune; en version abrégée, hélas...), et théâtrale avec Ruy Blas qui a inspiré la célèbre Folie des Grandeurs chère à Louis de Funès... Mais Victor Hugo est aussi un auteur engagé en politique, notamment à travers ses Châtiments, ou ce roman,  Le Dernier Jour d'un condamné , qui plaide pour l'abolition de la peine de mort.

Titre: Le Dernier Jour d'un condamné
Auteur: Victor Hugo
Genre: roman à visée argumentative
Date de publication: 1829
Pays: France

Résumé
   Le roman, assez court, revêt la forme d'une journal dans lequel un condamné à mort relate les six dernières semaines de sa captivité avant son exécution. On suit donc son jugement, son attente à la prison de Bicêtre pendant l'attente de l'aboutissement de son pourvoi en cassation, et enfin jusqu'aux dernières minutes précédant son exécution. Le condamné, qui semble être d'un milieu social assez élevé, mais sur lequel on ne sait rien, livre ses angoisses, ses peurs, ses réflexions avant l'heure terrible de son exécution.

Mon avis
   A vrai dire, je n'apprécie pas plus que ça les œuvres littéraires de la période romantique. Mais quand c'est un génie tel que Victor Hugo qui écrit un pareil roman, on ne peut que l'aimer. Le roman est pourtant typiquement romantique: il a une approche très "sentimentale" de la peine de mort, ne serait-ce que par l'analyse des sentiments du condamné, le récit à la première personne, le pathétique de celui-ci, notamment à travers l'évocation de la fille du condamné. J'ai trouvé, justement, l'analyse des ressentis du personnage particulièrement admirable: il oscille entre la lucidité et l'espoir vain, ne parvient pas à se retourner vers la religion même s'il semble croyant, et ses changements d'avis à propos de la pire horreur de la mort ou des galères m'ont fait penser à la fable de La Fontaine "La Mort et le bûcheron". Le message est particulièrement renforcé par l'ignorance qu'a le lecteur de son crime: il ne considère que l'homme, et ce qui le rend pleinement homme, son intériorité.
   A cette vision romantique du condamné s'ajoute une évocation très réussie des bas-fonds du Paris du XIXème -que l'on découvre à travers les yeux du personnage- avec son argot fleuri, ses forçats et ses exécutions capitales en place publique, véritable spectacle divertissant pour la populace. Evidemment, aujourd'hui en France, on a du mal à concevoir cela... C'est vrai que j'ai beaucoup de mal à comprendre cette forme de voyeurisme sordide, le même qui m'avait révoltée dans Elephant Man.
   Et toujours, toujours... le style magnifique de Victor Hugo, qui manie comme personne vocabulaire des sentiments, figures de style, images, pour une force d'expressivité exceptionnelle.
  
Mon verdict
   5/5; une approche typiquement romantique du thème de la peine de mort.

samedi 17 janvier 2015

Michel Tournier - Vendredi ou les limbes du Pacifique

   Encore un roman que je devais lire pour le lycée et que nous allons étudier en œuvre intégrale pour le bac. J'ai déjà parlé ici d'un livre que j'ai dû lire pour le lycée. Il s'agissait des Cerfs-Volants, de Romain Gary, une œuvre que j'avais adorée. J'attendais donc beaucoup de celui-ci qui, d'après ce que j'ai cru comprendre, est un classique du bac.

Titre: Vendredi ou les limbes du Pacifique
Auteur: Michel Tournier
Genre: conte philosophique, réécriture
Date de publication: 1969
Pays: France

Résumé
   Robinson Crusoé, jeune Anglais d'une vingtaine d'années, est le seul rescapé du naufrage du navire La Virginie. Il se retrouve totalement seul, sur une île inhabitée au large du Chili, loin de la côte ou même des îles habitées. Il met alors tous ses efforts dans la construction d'un bâteau, qu'il nomme l'Évasion, afin d'échapper au terrible destin qui l'attend. Mais il a négligé un paramètre de taille lors de sa construction: le poids. Le bâteau est trop lourd pour que Robinson puisse l'amener à la mer. Désespéré, le naufragé s'abandonne alors à la souille: il reste prostré, le corps plongé dans un marécage boueux qui, par une étrange association d'idées, lui rappelle son enfance. Il finira par en sortir pour décider de se reprendre en main et d'organiser sa vie sur l'île, qu'il nomme Speranza, et avec laquelle il entretiendra des relations pour le moins intimes, passant par plusieurs phases successives.

Mon avis
   Enfant, j'avais adoré le Robinson Crusoé de Daniel Defoe. Le moins que je puisse dire au sujet de cette version, c'est qu'elle en diffère totalement.
   En effet, si la version originale était plus un roman d'aventures, celle-ci est un conte philosophique à part entière, abordant les thèmes de la solitude, de la proximité avec la Nature, de la sexualité, et même du racisme. Ceci confère à cet ouvrage un certain intérêt, mais je n'ai franchement pas apprécié. En effet, la philosophie de ce livre penche, selon moi, vers l'ésotérisme, ce qui m'a fait trouver ce conte assez obscur. J'avoue que je n'ai pas tout compris (et c'est une litote...). Le passage de Robinson passant par des phases psychologiques successives m'a cependant intéressée, tout comme les derniers rebondissements de l'intrigue que j'ai trouvés tout à fait porteurs de sens. Ceci dit, les passages d'une phase psychologique à l'autre m'ont paru un peu brutaux. J'ai également du mal avec le mythe du bon sauvage, qui a une place importante, surtout vers la fin du livre: en effet, ne rien faire, ne pas se projeter dans l'avenir, et surtout vivre au gré de ses envies du moment les plus fantasques, n'est-ce pas renoncer à sa qualité d'homme en abdiquant toute volonté et en ne se laissant plus guider que par ses instincts ? De plus, je pense que l'homme est fait pour vivre en société, pour entretenir des relations avec les autres, communiquer avec eux sur tous les sujets possibles. Je n'étais donc pas vraiment d'accord avec la thèse défendue par ce livre; après, cela ne m'a pas empêché de trouver certaines idées intéressantes.
   Une deuxième chose m'a gêné dans ce livre, et je le dis franchement au risque de paraître prude ou vieux-jeu: c'est le rapport vraiment...particulier que Robinson a à la sexalité, rapport présenté comme idéal dans le conte. D'autant plus que le sens à donner à tout cela est plus qu'obscur. Certains détails honnêtement peu ragoûtants et l'emploi de mots qui ne devraient jamais figurer dans la littérature ne m'ont pas plu.
   Ici une petite mise au point s'impose. À ce stade, vous devez me trouver horriblement prude et étroite d'esprit. Ce n'est pas que je n'apprécie pas que la littérature aborde le sujet de la sexualité: si tel était le cas, je n'aurais plus grand-chose à lire... Par exemple, des auteurs comme Zola, qui aborde tout de même ce thème en long, en large et en travers dans la plupart de ses romans (je pense, entre autres, à Nana ou à La Terre), et qui, par ailleurs est mon auteur préféré, ou Maupassant, volontiers grivois, ont l'art extraordinaire d'aborder de tels sujets d'une façon toujours fine, sans employer de mots crus ou vulgaires, et avec le génie qui leur est propre.
   En ce qui concerne la simple forme, je n'ai pas apprécié non plus: j'ai trouvé le style presque pédant tellement il est recherché et alambiqué. Les phrases regorgent d'adjectifs et d'adverbes, chacun de plus de quatre syllabes. D'une façon général, j'ai trouvé que cette abondance de détails, cette richesse de déterminants, nuisait au pouvoir de suggestion du livre. Mon imagination a été peu sollicité et je me suis franchement ennuyé, d'autant plus que j'ai peiné à trouver un sens à tout cela. Malgré tout, j'ai apprécié le système d'énonciation et de point de vue qui oscille entre le point de vue du narrateur omniscient et celui de Robinson.
   Tout compte fait, j'appréhende pas mal le fait de devoir travailler pendant un mois là-dessus...

Mon verdict
1/5, précieux et obscur



mercredi 7 janvier 2015

Albert Camus - La Peste

   Cela doit bien faire un mois que je n'ai rien posté... Noël, le jour de l'An, la révision d'un oral blanc de Français et la préparation de mon TPE y sont pour quelque chose. Enfin, je m'excuse et ose espérer que cela ne se reproduira pas trop souvent. Je vous reviens donc avec l'unique malheureux ouvrage que j'ai eu le temps de lire en trois semaines, La Peste de Camus. J'avais lu (et aimé) L'Étranger, c'eût été pécher que de ne pas me plonger dans La Peste.

Titre: La Peste
Auteur: Albert Camus
Genre: roman
Date de publication: 1947
Pays: France

Résumé
   Dans la ville algérienne d'Oran, la vie suit son paisible cours, et pourquoi ne le suivrait-elle pas ? Un habitant commence alors à rédiger des carnets, qu'ils veut objectifs, relatant la vie de la cité. Mais cette paix est bouleversée lorsque se produit une invasion de rats, qui sortent mourir à l'air libre, suivie de quelques morts suspectes. Pour le docteur Bernard Rieux, qui s'est occupé d'un des malades, ce ne peut être que la peste, que l'on croyait éradiquée. Devant le nombre croissant de morts, les autorités décident de mettre la ville en quarantaine. Le docteur Rieux, homme profondément dhumaniste, fournit tous ses efforts pour tenter d'enrayer l'épidémie. Tout comme lui, Tarrou, personnage quelque peu énigmatique, s'engage courageusement au service de la cité. Oran sera alors le théâtre d'un drame à la fois collectif et personnel, mêlant les destins de nombreux personnages.

Mon avis
   La première chose qui m'a frappée à la lecture de ce livre, c'est l'admirable évocation de la ville. Il m'est presque arrivé de considérer la ville comme un personnage. En effet, l'atmosphère de cette ville algérienne des années 40 est très particulière. De plus, et c'est une des raisons principales pour lesquelles j'ai aimé ce roman, la conscience collective, l'opinion publique en temps de fléau, et même plus largement, sont particulièrement bien étudiées dans ce roman, très intéressant en terme de psychologie collective.
   Un deuxième aspect peut toucher le lecteur: c'est l'allégorie du nazisme (et, au delà, de n'importe quelle idéologie dangereuse) qui apparaît dans ce roman. En effet, des personnages comme le docteur ou Tarrou, profondément humanistes, remplis de foi en l'homme, en la vie, en ce qui est juste et bon, sans être pour autant outrageusement optimistes, modestes, représentent évidemment des résistants, tout comme Cottard, qui s'enrichit grâce à l'épidémie, les profiteurs de guerre. Cet aspect du roman est également passionnant.
   J'ai particulièrement apprécié un personnage, Grand, homme sensible, qui rencontre des difficultés à s'exprimer: il projette d'écrire un roman, mais ne parvient pas à dépasser la première phrase, obnubilé qu'il est par la recherche de la beauté, de la vérité littéraire et de la perfection. Ce personnage m'a paru très sympathique et sa quête admirable et fascinante à la fois.
   Concernant l'écriture, je crois que je commence à m'habituer au style particulier de Camus. Cette objectivité, qui se manifeste, entre autre, par des phrases concises, non dénuée toutefois d'interventions du narrateur (peu courantes, il est vrai) m'a bien plu.
  Toutefois, j'avoue n'avoir pas été particulièrement tenue en haleine par ce roman même si je l'ai bien apprécié. J'ai ressenti une sorte d'absence de héros à proprement parler (même si le docteur est une figure importante), peut-être due à cette volonté d'objectivité qui frôle le point de vue externe, et je pense que cela m'a déroutée.

Mon verdict
   4/5, très intéressant en ce qui concerne la psychologie collective