vendredi 25 juillet 2014

Dostoïevski - Le Joueur

   Après deux semaines sans internet ni livres, je rattrape enfin mon retard avec (encore) un ouvrage d'un auteur russe, Dostoïevski cette fois. Il y a un an environ, je m'étais lancée dans la lecture des Frères Karamazov, mais je m'étais arrêtée à la 600ème page. Arriver à finir cette oeuvre reste un de mes grands souhaits... En attendant, mon choix s'est porté sur Le Joueur, dont la longueur raisonnable (256 pages) m'avait rassurée.

Titre: Le Joueur
Auteur: Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski
Date de publication: 1866
Pays: Russie
Genre: roman

Résumé
   Alexeï Ivanovitch est un jeune homme russe, pauvre, précepteur des enfants d'un général. Celui-ci réside dans une ville de jeu d'Allemagne, Roulettenbourg. Mais il cruellement à court d'argent car il s'est ruiné à la roulette, même s'il continue à vivre dans le faste. Autour du général gravitent de nombreux personnages. Sa belle-fille Pauline a un caractère fantasque, Alexeï est amoureux fou d'elle, mais elle le méprise et semble le haïr, tout en lui permettant cependant de s'entretenir très librement avec elle. Alexeï est perplexe devant ce caractère énigmatique et ses sentiments pour elle oscillent entre la haine la plus violente et l'amour passionné. Mademoiselle Blanche, aventurière française demi-mondaine, a pour projet d'épouser le général, passionnément amoureux d'elle. Des Grieux est un Français sans scrupules, se faisant passer pour le tuteur de Mademoiselle Blanche, et prêtant sous cette couverture des sommes fabuleuses au général. Malgré cela, Pauline l'aime et souhaite l'épouser. Or, le général a une tante richissime, paraît-il sur le point de mourir. Son décès ferait l'affaire de tous, puisque le général toucherait l'héritage, et pourrait ainsi épouser Mademoiselle Blanche, tandis que Pauline aurait une dot qui lui permettrait de s'unir à Des Grieux. Hélas, la grand-mère, en pleine forme, arrive un beau jour à Roulettenbourg, et au grand désespoir de tous, elle se montre curieuse et intéressée par le jeu... Pour sauver Pauline, dont la situation financière est devenue très difficile, Alexeï part jouer à la roulette. C'est ainsi que naîtra chez lui la passion dévorante et irraisonnée du jeu...

Mon avis
   Ce qui m'a surtout plus dans ce roman, c'est l'atmosphère tout à fait juste que Dostoïevski, joueur invétéré par ailleurs, parvient ici à mettre en place. A travers le point de vue d'Alexis, le narrateur croque de manière ironique et désillusionnée les salles de jeu d'Allemagne et leurs joueurs. Grâce au Joueur, c'est un monde avec ses codes et ses spécificités qui ressurgit. La passion du jeu et ses différents mobiles sont remarquablement analysés.
   En effet, si Alexeï commence à jouer poussé par Pauline, il finit par l'oublier complètement. Ce qu'il recherche à travers le jeu, ce sont les gains faciles qui permettent, grâce à l'argent, de gagner la considération et les respects des hommes. C'est donc un monde cruel qui est décrit dans ce roman, un monde vain et cupide à travers les personnages des voleurs qui dépouillent les joueurs riches tout en feignant de les conseiller. L'argent est le moteur de ce roman, c'est ce que recherchent si avidement la plupart des personnages, car selon eux, leur bonheur ou leur plaisir en dépendent. A mon sens, mais ceci n'est qu'une interprétation personnelle, Dostoïevski dénonce donc ici un monde régi par l'argent.
   Les personnages sont de plus intéressants, Pauline particulièrement est une énigme, la grand-mère fantasque est un personnage plutôt comique, Alexeï avec ses doutes et son véritable esclavage du jeu dont il essaie de se défaire mais dans lequel il retombe toujours, est aussi complexe.
   La façon assez tranchée qu'a Dostoïevski de juger les types nationaux et son animosité pour les Français m'ont paradoxalement amusée.
   Cependant, j'ai retrouvé dans Le Joueur ce qui m'avait gênée dans Les Frères Karamazov: une très grande complexité de l'intrigue et un foisonnement de personnages, si bien que, je l'avoue, j'ai mis du temps à comprendre de quoi il en retournait. C'est ce qui m'a fait paraître le livre un peu long, alors qu'en réalité, c'est un très court roman.
   Malgré ce léger bémol, j'ai tout de même bien apprécié ce roman, principalement, encore une fois, grâce à la justesse de l'atmosphère et à l'évocation admirable de la passion du jeu.

Mon verdict
   4/5, atmosphère saisissante.







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