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mardi 10 février 2015

Stefan Zweig - Lettre d'une inconnue

   Après une éprouvante semaine de devoirs, je reviens avec ma dernière lecture, une oeuvre de Stefan Zweig dont j'avais déjà entendue parlé, mais c'est l'amusant blog Les Lectures de Cécile, que je suis, qui m'a finalement décidée à le lire !

Titre: Amok suivi de Lettre d'une inconnue
Auteur: Stefan Zweig
Genre: nouvelle
Pays: Autriche
Date de publication: 1922

Résumé
   L'édition en livre de poche, que j'ai lue, regroupe trois nouvelles de Stefan Zweig ayant pour thème la passion.
   Amok retrace l'histoire d'un médecin de brousse européen installé en Malaisie. Homme assez indolent et retiré du monde, il reçoit un jour la visite d'une lady hautaine qui recquiert ses services pour un avortement discret. Un climat de défi s'installe entre les deux personnages, et ce sera pour ce médecin le point de départ d'une passion dévorante pour cette femme.
   Le sujet de Lettre d'une inconnue est l'amour muet, mais pas moins passionné, qu'une jeune fille autrichienne a porté à un écrivain en vue, son voisin, avec qui elle n'a eu que peu de contacts et qui a toujours agi avec elle d'une façon assez légère.
   Quant à la troisième nouvelle du recueil, La Ruelle au clair de lune, elle met en scène un couple déchiré dont la femme, devenue prostituée, repousse avec cruauté celui qui a été son mari, qui, lui, lui voue un amour passionné et violent. Mais le tourmenteur et le tourmenté ne sont finalement pas ceux qu'on pensait...

Mon avis
   Ce recueil a le grand mérite, que n'ont hélas pas tous les recueils de nouvelles, parfois composés de manière assez arbitraire par les éditeurs, d'avoir une vraie unité. Ces trois nouvelles, relativement longues au demeurant, ont en effet un thème commun: la passion amoureuse dans ce qu'elle a de plus extrême, à la limite du sado-masochisme (particulièrement dans La Ruelle au clair de lune).
   Le thème de la passion amoureuse est traité d'une façon remarquable. En effet, c'est son aspect destructeur, pour soi-même et l'autre, qui est mis en avant dans ces nouvelles. J'ai trouvée très intéressante cette réflexion sur la passion, qui va jusqu'à la folie, l'obsession, l'anihilement de toute volonté, ou réflexion (comme chez la jeune héroïne de Lettre d'une inconnue).
   Ce thème si riche permet aussi d'introduire des personnages fascinants, comme la lady de Amok, énigmatique, distante, cruelle, et qui a pourtant, elle aussi, aimé... Dans Lettre d'une inconnue, c'est le personnage  de la jeune amoureuse qui m'a frappée: sa passion est en effet si forte qu'elle n'arrive pas à avoir un seul reproche ou à être malheureuse à cause de celui qu'elle aime, alors même que celui-ci passe sa vie à l'oublier et à ne pas se rendre compte de son amour silencieux. J'ai trouvé cela assez déroutant, peut-être plus encore que les relations violentes qui existent entre les personnages d'Amok ou de La Ruelle au clair de lune.
   J'ai donc particulièrement apprécié ce recueil, vraiment fascinant. J'ai retrouvé, bien sûr, le plaisir de goûter à une belle écriture ! Ma préférence va sans doute à Amok, où l'atmosphère tropicale ajoute encore à l'étrangeté et à la violence des sentiments, dans ces contrées où "la chaleur rend fous les Européens" selon le personnage principal.

Mon verdict
   5/5, de fascinantes esquisses de la passion.


vendredi 22 août 2014

Kafka - La Métamorphose

   Me voilà de retour avec une nouvelle cette fois. J'ai de nombreux sujets de billets en attente, deux films et un livre, j'essaierai de poster dans peu de temps.

Titre: La Métamorphose
Auteur: Franz Kafka
Genre: nouvelle fantastique
Date de publication: 1915
Pays: Autriche-Hongrie

Résumé
   Grégoire Samsa est un jeune commis voyageur qui subvient aux besoins de sa famille. Un matin, il se réveille dans le corps d'une sorte d'insecte monstrueux. Bien sûr, il est en butte à des problèmes d'ordre pratique, puisque son grand corps invertébré se révèle difficile à mouvoir. Mais la réaction de sa famille est ce qui l'affecte le plus: il les répugne, et ses parents et sa soeur lui sont d'autant plus hostile qu'il ne rapporte plus la paie nécessaire à la survie matérielle de la famille. Au début, seule sa soeur s'occupera de lui avec un peu de sollicitude, puis sa mère, mais Grégoire sera finalement vite rejeté par les siens.

Mon avis
   Cette nouvelle fantastique est finalement plutôt une nouvelle allégorique, ayant pour thème l'exclusion et le rejet que provoque la différence. En effet, Grégoire est vite mis à l'écart et déconsidéré par toute sa famille qui se montre absolument odieuse à la fin de la nouvelle. L'empathie du lecteur pour le personnage principal est donc importante.  Cette exclusion de la part de sa famille et le dégoût qu'il suscite pousseront même Grégoire, je pense, à la perte de sa dignité et à l'oubli même de son humanité. En cela l'allégorie est remarquable, d'autant plus qu'elle est appuyée par la narration.
   En effet, toute la nouvelle est empreinte, malgré le côté mystérieux et obscur du fantastique de la métamorphose de Grégoire (d'ailleurs jamais décrit dans la nouvelle, et dont on imagine seulement l'aspect repoussant), d'un certain réalisme dans l'évocation des personnages, des lieux, des actions. L'humour se fait même sentir lors de la description du père, vieux commis de banque si fier de son uniforme de travail qu'il en devient ridicule. 
   J'ai également remarqué que les pensées et impressions du héros ne sont finalement presque pas rapportées. Certains pourraient trouver cela gênant. Pour ma part, je trouve que ce procédé permet d'éviter à ce récit de tomber dans le pathos, tandis que l'allégorie, elle, gagne en force de part la suggestion de l'intériorité de Grégoire, adresse à l'imagination du lecteur.
   J'ai trouvé le style de Kafka très agréable à lire. Cette nouvelle faisait partie d'un recueil sur lequel je voulais initialement écrire ce billet. J'ai lu deux autres nouvelles, Le verdict et Le nouvel avocat qui m'ont semblé tellement obscures que j'ai renoncé. Je crains de n'avoir pas la maturité suffisante pour saisir toutes les allégories présentes dans ces nouvelles, même pour La métamorphose où elle était plus évidente. Dans quelques années peut-être... Pour l'instant, je crois que je vais momentanément abandonner Kafka. 

Mon verdict
   3/5, allégorie juste