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dimanche 3 août 2014

Patrick Süskind - Le Parfum

  Comme promis, voici donc l'article sur Le Parfum.

Titre: Le Parfum
Sous-titre: Histoire d'un meurtrier
Auteur: Patrick Süskind
Genre littéraire: roman
Année: 1985
Pays: Allemagne

Résumé
   Jean-Baptiste Grenouille, enfant trouvé dont la mère a été exécutée pour tentative d'infanticide, naît à Paris en plein XVIIIème siècle. La Ville Lumière est alors un cloaque dégageant des relents infects,  l'hygiène de l'époque étant assez sommaire... Mais dans cette puanteur, Jean-Baptiste encore nourrisson se révèle assez original: en effet, il ne dégage aucune odeur. C'est pourquoi il repousse la plupart des gens qui le considèrent comme une créature démoniaque. Il grandit tant bien que mal dans une pension tenue par une nourrisse absolument insensible, et se fait remarquer par sa capacité à résister aux maladies. Là se développe chez lui un sens de l'odorat extrêmement sensible. Devenu enfant, il est envoyé chez un tanneur, où il exerce un métier difficile et dangereux à cause des émanations des produits employés, tout cela dans des conditions de vie déplorable. Au fur et à mesure des années, il finit par gagner un peu plus de liberté en obtenant le droit de sortir dans Paris. Lors d'une fête populaire, son nez si fin perçoit une odeur délicieuse qu'il n'avait jamais rencontré auparavant. C'est ainsi que le jeune Grenouille arrive jusqu'à une jeune fille, qu'il décide de tuer afin de s'approprier son odeur. Il commencera alors une longue quête pour devenir parfumeur et être capable de créer un parfum de cette senteur. 

Mon avis

  La première qualité de cet ouvrage fascinant, c'est que le lecteur parvient à "sentir", grâce à la capacité merveilleuse qu'a son auteur de décrire des odeurs. Par cette lecture, c'est tout le sens volatil, fugitif et indéfinissable de l'odorat qui est sollicité, ce qui est assez original pour être souligné. La force de ce livre réside dans le pouvoir de suggestion fantastique du champ lexical des parfums. C'est à mon sens ce qui constitue l'intérêt principal du Parfum.
   Ce qui m'a aussi beaucoup intéressée, c'est cette plongée dans l'univers de la parfumerie. Les détails techniques de la fabrication d'un parfum au XVIIIème m'ont passionnée. Ainsi, un autre avantage de ce roman est d'être didactique: on apprend avec plaisir.
   Ce que je vais avancer maintenant est très personnel, subjectif. Je trouve que Le Parfum n'est pas, ou presque pas, un roman psychologique. Le fait est que je suis mitigée à ce sujet. Mes goûts m'inclinent à considérer cela comme un inconvénient, mais cela pourrait aussi bien être vu comme un point positif. Je m'explique: le personnage principal, Grenouille donc, n'a pas de personnalité. Aucune émotion ne semble traverser son coeur. D'ailleurs, selon moi, il tient plus du monstre que de l'être humain. Grenouille peut aussi être vu comme un malade mental, mais un malade mental logique et intelligent, habité par une idée fixe. C'est donc un personnage inquiétant qui conduit le récit à la lisière du fantastique. Il est vrai que, par rapport à lui, les personnages secondaires sont, pour la plupart, un peu sacrifiés.
   En ce qui concerne la pure forme, je n'ai personnellement pas accroché: les longues phrases travaillées m'ont laissée de marbre. Il est vrai que je préfère les phrases courtes et sèches de Camus, par exemple, (voir mon article sur l'Etranger), à leur profusion.
   Je n'ai pu m'empêcher de sourire à la mention du Plomb du Cantal "endroit le plus sauvage de France" selon Grenouille, un lieu que je connais bien. Le pauvre aurait un drôle de choc en voyant la station de ski qui y a été construite, ou le flot de randonneurs qui viennent y marcher l'été !...

Mon verdict
   4/5, belle évocation des odeurs

 

jeudi 6 mars 2014

Erich Scheurmann- Le Papalagui

   Je voudrais vous présenter ma dernière lecture, un livre plutôt atypique, cadeau de Noël d'une grand-tante que j'adore, qui m'offre toujours des livres originaux et intéressants.

Titre: Le Papalagui
Sous-titre: Les étonnants propos de Touiavii, chef de tribu, sur les hommes blancs
Auteur: Eric Scheurmann
Genre: ethnographie/philosophie
Date de parution: 1920
Pays: Allemagne

Présentation
   L'ouvrage consiste en réflexions d'un chef de tribu de Samoa, Touiavii, qui a eu plusieurs fois l'occasion de se rendre en Europe dans le cadre de groupes folkloriques, sur les étranges habitudes de l'homme blanc ou Papalagui. Touiavii, que l'on peut considérer comme un sage, conseille à ses compatriotes de ne pas adopter la culture européenne mais au contraire de préserver leurs traditions et leurs modes de vie. Il utilise pour cela un langage souvent naïf, parfois difficile à décrypter pour un Européen. Mais ses méditations sont parfaitement structurées et ordonnées, pleines de simplicité et de bon sens, avec un profond sentiment religieux. Il traite tour à tour des vêtements, de l'habitat et des villes, de l'argent, du matérialisme, de l'obsession du temps, de Dieu, de la technique, des professions, de la pensée et de  religion. Ses pensées ont été recueillies par un écrivain allemand en séjour à Samoa de 1914 à 1915, Erich Schoermann.
"Le Papalagui étouffe son corps avec des peaux lourdes et serrées qui le privent du soleil"
"Il est obsédé par le métal rond et le papier lourd qui régissent toute sa vie"
"Il a inventé un objet qui compte le temps; depuis, il court sans cesse derrière"

Mon avis
   J'ai trouvé ce livre extrêmement intéressant. En effet, les réflexions de Touiavii sont encore , sinon plus, actuelles qu'au début du XXe siècle. Il pointe du doigt de nombreuses, et mauvaises, habitudes européennes, comme l'éducation purement intellectuelle, qui ne prend pas en compte le développement de toutes les facultés de l'homme, avec simplicité et bon sens. La progression argumentative est toujours facile à suivre et aisément compréhensible, de plus le livre n'est pas trop long. Ce point de vue extérieur sur l'Europe est très intéressant. Cette lecture m'a vraiment mise en face de certaines habitudes mauvaises que nous pouvons avoir inconsciemment, comme le jugement par rapport à l'argent, ou l'individualisme et le matérialisme. Sa dénonciation de la société de consommation est plus que jamais actuelle. J'ai trouvé le chapitre sur la religion particulièrement remarquable. Touiavii y constate que les Européens ont perdu le sens de Dieu ainsi que le sens du message évangélique d'amour. Ce chapitre est, à mon avis, particulièrement juste et profond.
   En revanche, je n'étais pas d'accord avec certaines prises de positions de Touiavii. Son refus de la technique et de l'innovation m'a gênée. En effet, si la technique ou les progrès de la médecine ne pourront jamais rendre les hommes plus heureux, ils permettent tout de même une amélioration des conditions de vie qui n'est pas négligeable. Je ne partage pas non plus sa conception très épicurienne de la vie, pour moi, danser, assister à des fêtes, manger ou même contempler de beaux paysages ne sont pas des bonheurs mais de simples plaisirs, bons et agréables, mais éphémères. Je suis totalement en désaccord avec son chapitre sur la pensée: il y affirme que les Européens réfléchissent trop et ne devraient pas se poser de questions sur le sens de la vie, qui "ne servent à rien". Selon moi, la pensée et le questionnement existentiel sont le propre de notre dignité d'homme;  et
de la réponse à ces questions sur le sens de la vie, et donc de celui de la mort, dépend le bonheur de l'homme.
   J'ai cependant trouvé ce livre extrêmement intéressant et passionnant, il m'a tour à tour intriguée, fait sourire, réfléchir... Les métaphores désignant les objets propres aux Européens ressemblent à de petites devinettes et m'ont beaucoup amusée. De plus, il est vraiment facile à lire. Je le recommande donc sans hésiter !

Mon verdict
4/5, intéressant, prélude à la réflexion.

    Je suis actuellement en train de lire La Fiancée de l'Ogre , d'Henri Troyat. Vous aurez donc mon avis sur cet ouvrage très prochainement. J'ai aussi prévu une critique de film pour cette semaine ou la semaine prochaine. J'espère que cet article vous a plu !